"Dheepan" : réfugié politique et héros de cinéma
A l’écran, Dheepan est incarné par un comédien non professionnel, Antonythasan Jesuthasan, qui lui-même, très jeune, a été enrolé chez les tigres tamoul au Sri Lanka et a ensuite fuit ce conflit pour finir par obtenir le statut de réfugié politique en France. Il y a donc dans ce film une résonnance très forte avec l'actualité, mais aussi avec la réalité de l'immigration ou de la banlieue. Et pourtant, "Dheepan" est tout sauf un film à tendance documentaire ou un pamphlet social. Il s'agit même d'un pur film de genre, à la fois un film de guerre, de combat, car on vit avec cet homme l'obstacle de la langue, les chances qu'offre l'école, mais aussi la violence des gangs dans cette cité de banlieue qui résonne avec la violence de la guerre civile que Dheepan vient de fuir, et puis un film romantique, romanesque, puisque le parcours de ce réfugié est raconté au travers d'une histoire d'amour, l'histoire d'une famille qui va se construire dans cet exil.
C'est donc, en partant de la réalité, un film de genre que réussit Jacques Audiard, un film de combat et d'amour, sans craindre les excès ou la caricature, comme cela lui a été parfois reproché :
"je trouve que parfois on souffre un peu de ça dans le cinéma français. De ne pas oser se servir de l'histoire contemporaine comme fiction. La banlieue est un décor, ceux qui y vivent deviennent des personnages. A partir du moment où je mets du cinémascope là-dessus, ça devient du cinéma. On a le droit de faire ça, quitte à faire des erreurs, à être malaisant, mais ça aussi, c’est intéressant ."
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