Etienne Daho, "Les chansons de l'innocence retrouvée"
On a frôlé l'album posthume, c'est ce que dit Daho lui-même,
et ironie du sort, tout cela est arrivé alors que le chanteur à 57 ans, venait
d'achever un album solide, accompli, comme s'il balayait les étapes de sa
carrière, de la chanson sophistiquée qui est la sienne maintenant, à un regard
assez tendre sur ses jeunes années pop.
Un esprit libre et hédoniste
Un peu comme cette pochette espiègle, en noir et blanc où un
Daho pose à l'entrée d'un jardin luxuriant, à coté d'une inconnue aux seins nus
et gantées de noir, fantôme ou vestale du Palace ou des Bains Douches.
Pourtant, pas un brin de nostalgie dans ces titres. C'est la
grande élégance de cet album, qui se penche parfois sur les couleurs acidulées
des années 80 avec l'expérience du Daho d'aujourd'hui, qui multiplie les clins
d'oeil, sans que rien ne soit daté musicalement. Il a compris l'alchimie
de cette époque, qui est la même que l'essence du style Daho : les années 80,
celle d'Epaule Tatoo , ou de Week-end a Rome , étaient faussement
désinvoltes, imprégnées d'une "gravité légère " selon les mots du chanteur.
Une légère gravité
Celle-ci se retrouve à peu près partout, puisque le désir
d'Etienne Daho, au départ, était de danser, de mettre la dedans de la
"disco noire ". Ce qui devait d'ailleurs être le premier titre de
l'album. Les autres titres se présentent, eux, avec une dramaturgie très
étudiée, des morceaux à tiroirs, inquiétants, hypnotiques et qui font couler
les violons de belle manière.
Certaines mélodies se sont imprégnées des visites de Daho
dans l'univers de Jean Genet (dont le chanteur avait repris Le condamné à
mort , avec Jeanne Moreau) ou dans l'univers de Francis Bacon. Daho a
justement écrit tout le disque à Londres, près de l'atelier du peintre, qui fut
aussi le théâtre de la relation tumultueuse qui liait Bacon à son amant et muse
Georges Dyer.
Les passions, la violence, l'hédonisme, tout cela dessine de
toute façon en creux un Daho bien planqué derrière les notes de chaque album.
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