Culture d'été. "Mathilde ne dit rien", un polar social de Tristan Saule

Mathilde ne dit rien épouse parfaitement tous les codes du polar social : vision critique de la société, gros plan sur des populations généralement ignorées et un héros enquêteur ou témoin qui va devoir réparer une injustice.

Travailleuse sociale, Mathilde, l'héroïne du roman de Tristan Saule, va devoir user de violence pour sortir ses voisins d'un mauvais pas. "Elle vit dans un quartier où, parfois, la loi ne suffit pas. Quand on ne peut pas appeler les flics, on va appeler Mathilde. Et dans ce roman, elle va être obligée de prendre les choses en main parce qu'elle sait qu'elle n'a pas grand-chose à perdre."

Et Tristan Saule revendique un roman engagé : "N'importe quel auteur de polar aujourd'hui fait obligatoirement de la politique, même s'il s'en défend. On ne peut pas parler de meurtres, de gens qui vont en prison, sans parler de politique. Donc je me suis frotté à ça et j'en ai été très heureux. C'est une série qui commence, je vais essayer de développer ça encore plus, d'aller au cœur de ce quartier, des gens qui le peuplent et de raconter leur vie." 

Il ne s'agit pas de faire des romans naturalistes, il s'agit de continuer à faire des thrillers, des romans à suspense. Mais on ne peut pas faire l'économie du monde dans lequel on est, du pays dans lequel on est, et moi du quartier dans lequel je vis.

Tristan Saule

à franceinfo

Avec Mathilde ne dit rien, Tristan Saule inaugure donc une série où le quartier populaire dans lequel se débat Mathilde sera le fil conducteur.

Dans cette veine du polar engagé, on peut également plonger dans le monde impitoyable du nouveau lumpenprolétariat des livreurs à vélo : Tous Complices de Benoît Marchisio, publié chez Equinoxe, vous incitera certainement à réfléchir à deux fois avant votre prochaine commande de repas sur n'importe quelle plateforme de livraison à domicile. Je vous conseille également très vivement le dernier Iain Levison, Un voisin trop discret, publié chez Liana Levy. L'auteur américain s'y montre toujours aussi sarcastique pour nous parler du monde qui nous entoure.