Rachat de "Gala" par "Le Figaro" : "L’inquiétude de la mise en vente a fait place au soulagement", assure le directeur de la rédaction

Pour absorber le groupe Lagardère, Vivendi devait se séparer de "Gala". L'annonce du nom du nouveau propriétaire, en l'occurrence "Le Figaro", a été très bien accueillie, selon Matthias Gurtler, directeur de la rédaction de "Gala".
Article rédigé par franceinfo
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Matthias Gurtler, directeur de la rédaction de "Gala". (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Gala va quitter le giron de Prismamedia, filiale de Vivendi, pour le groupe Le Figaro. C'était une exigence de la Commission européenne pour que Vivendi puisse absorber le groupe Lagardère. Il y avait nécessité de se séparer d'un titre people et c'est Gala qui a été choisi. Finalement Le Figaro a annoncé, jeudi 16 novembre, le rachat de Gala hebdomadaire dirigé par Matthias Gurtler. 

franceinfo : Quel est le montant de cette transaction ? Vous le connaissez ? 

Matthias Gurtler : Non, je ne le connais pas exactement, puisque le closing, c’est-à-dire la vente et la signature du chèque vont intervenir prochainement, avant la fin du mois de novembre. Donc non, je ne connais pas le montant. 

En quoi le groupe Le Figaro est, pour reprendre vos termes dans le communiqué de presse, en affinité complète avec Gala ? 

Comme Gala, Le Figaro, sait intervenir sur plusieurs canaux. Une marque média comme Gala ou comme Le Figaro, mais comme Prisma également, sait aujourd'hui s'adresser à des audiences différentes en fonction du média qu'elles utilisent. Donc, le print, c’est-à-dire le magazine, s'adresse à une population différente de celle de type TikTok, par exemple.

Qu'est-ce que cela va changer pour Gala ? Pour ses lecteurs et lectrices ? 

Pour ces lecteurs, quasiment rien puisque la ligne éditoriale reste la même. On ne va pas faire un autre journal. En revanche, on va bénéficier d'un savoir-faire et d'une expertise que possède le groupe Figaro qui est énorme. Le groupe Figaro, plus de 500 cartes de presse. C'est un savoir-faire en termes de visibilité, en termes de digital, en termes de portage pour les abonnés qui là aussi est très important. Voilà typiquement ce qui va permettre à Gala de continuer sa progression, sa digitalisation entamée avec brio, je le répète, et un vrai coup de chapeau à toutes les équipes Prisma qui nous accompagnent depuis 30 ans.

Y aura-t-il des contenus encore plus haut de gamme ? 

Nous sommes déjà très haut de gamme. Mais on va se plier aux exigences de la régie publicitaire, notamment du Figaro qui, avec ses différentes publications, le quotidien, le madame, Le Figaro Magazine, sait s'adresser, à des annonceurs luxueux. 

Quel est le sentiment de la rédaction après cette annonce ? 

La rédaction est soulagée, très heureuse et très motivée. Ça fait plusieurs mois que ça dure. Il faut se mettre dans la peau d'une rédaction qui, en trois ans, a changé deux fois de propriétaires. Nous arrivons chez un nouveau propriétaire, Le Figaro. L'inquiétude de la mise en vente s'est très vite évaporée lorsque nous avons appris qui serait le futur repreneur. Il y a beaucoup de soulagement. D'ailleurs, toute la rédaction suit. Nous sommes près de 70. 

Il y en a aucun qui a l'intention, par exemple, de prendre la fameuse clause de cession ?  

Je ne suis pas dans la tête de chacun mais de ce que je vois, c'est beaucoup de sérénité, beaucoup d'espoir et d'envie. Je ne pense pas, non. 

Gala est l'un des rares magazines rentables. Quel est votre secret ? 

C'est d'avoir su très tôt travailler à une digitalisation. Ça fait plusieurs années que Prisma a lancé la digitalisation de différents titres, dont Gala. On a été assez en pointe là-dessus, notamment avec la vidéo. On a été le premier magazine du groupe à avoir un studio comme vous à franceinfo et d'y créer tout un tas de contenus.

"Des tas d'artistes sont venus chanter dans le studio à Gennevilliers. Ben Harper, Carla Bruni, Clara Luciani, Juliette Armanet sont venus à Gennevilliers. La puissance de l'audience et de nos contenus faisait venir toutes ces personnalités-là."

Matthias Gurtler, directeur de la rédaction de "Gala"

à franceinfo

Gala cartonne sur les réseaux sociaux et notamment sur TikTok. Il y a là plus de neuf millions d'abonnés. C'est une marque jeune ? 

 C'est une marque qui a su s'adresser à différents publics. Parce que quand on a 9,5 millions d'abonnés sur TikTok. On est le quatrième compte média au monde avec devant nous MTV, Nickelodeon, ESPN qui sont des mastodontes internationaux. Gala qui, tel Astérix dans un village gaulois d'irréductibles, résiste sur l'application la plus téléchargée au monde. Nous nous adressons à différents publics. Cette nuit, on était aux côtés de Megan à Los Angeles, ce n'est pas exactement le même public qui va regarder les Black Pink star de la K-pop avec qui nous étions aussi il y a quelques jours. 

Vous ne mettez pas les mêmes personnalités dans le magazine Gala sur le papier que sur TikTok ou sur votre site internet ? 

Le secret justement du succès de Gala, c'est précisément de savoir s'adapter. L'ADN commun, c'est d'être au plus près des stars. Les stars, elles, sont différentes si on s'y intéresse. TikTok sur Instagram, sur un magazine que l'on vient trouver en kiosque ou sur le site internet qui fait partie des dix plus gros sites Internet français, avec 12 millions de visiteurs uniques par mois. C'est parce que nous avons des audiences que Gala fonctionne. 

Quelque 123 000 exemplaires vendus chaque semaine, -5,5% sur un an, pensez-vous pouvoir arrêter la chute inexorable des ventes du magazine papier? 

L'arrivée dans le groupe le Figaro va nous aider à ne surtout pas lâcher l'affaire. Je pense qu'il est important de continuer, bien sûr à croire au magazine, au print comme on dit, c’est-à-dire aux magazines écrits et imprimés, mais aussi à penser ces médias comme des beaux objets. Et je pense que le secret, c'est de continuer à se dire que quand on achète un magazine, on est fier de l'ouvrir, de le montrer et de tenir entre ses mains, voire de le poser sur sa table de salon pendant une semaine. Travailler l'objet, travailler l'impression, travailler la qualité papier, travailler le contenu, bien entendu, les photos et la maquette, voilà ce qui fera la différence. 

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