L'affaire du "prisonnier X" relance le débat sur la censure en Israël
En Israël, on l'appelle le "prisonnier X". Depuis trois ans, c'est un sujet tabou. On sait juste que cet homme a été détenu pendant l'année 2010 dans une prison israélienne de haute sécurité, dans le plus grand secret. Son identité n'a jamais été révélée, les motifs de son incarcération non plus, même après sa mort en cellule il y a un peu plus de deux ans.
En effet, sur décision judiciaire, les médias ont l'interdiction de parler du prisonnier. Une censure qui n'est pas exceptionnelle lorsqu'il s'agit de questions
militaires ou sécuritaires, explique Soazig Dollet, la responsable du
bureau Moyen-Orient de Reporters Sans Frontières : "il est très courant
qu'un tribunal israélien décrète que tel ou tel sujet ne doit pas faire
l'objet d'enquête de la part de journalistes. Même s'ils tentaient de
passer outre, la censure empêcherait leurs articles de paraître."
Le Monsieur X est un Australien, ancien agent du Mossad
Mais hier, coup de théâtre : une émission de télé australienne fait des révélations : ce "monsieur X" est un ressortissant australien, Ben Zygier, et aurait travaillé pour le Mossad. La diffusion de cette enquête a eu de grandes répercussions en Israël, où la presse veut se faire l'écho de ces révélations. Mais la censure veille, et le Premier ministre s'en mêle : ses services demandent aux journalistes de ne pas évoquer l'affaire. Mais les informations circulent sur les réseaux sociaux et les journalistes montent au créneau : "C'est une tentative pathétique de revenir à l'époque d'avant Wikileaks, Facebook et Twitter" peut-on lire dans l'éditorial d'Haaretz, le journal de référence en Israël.
Sous la pression, la censure a été partiellement levée : les journaux ont eu le droit d'évoquer l'identité du "prisonnier X", qui fait la Une de toute la presse aujourd'hui. Mais les raisons de son incarcération, elles, restent toujours couvertes par le black-out le plus total.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.