La génération 2008 grandit devant les caméras de LCP
François Chevré, journaliste et réalisateur est l’auteur de la collection documentaire Génération 2008 : qui seront-ils demain ? dont le quatrième volet est diffusé sur la chaîne LCP, mercredi 15 novembre, en prime. Il a pour projet de suivre Lilou, Riwan, Maël, Coline et Mohamed nés en 2008 sur une décennie et de voir comment ils évoluent. Ils se sont croisés en classe de 6e à Rennes et depuis, on peut les suivre dans leur vie avec autant de questions que de situations : Comment grandit-on dans les années 2020 ? Quels seront leurs parcours ? Qui seront-ils demain ? On retrouve la fine équipe désormais dispersée, mais toujours avec son regard très mature sur la société d’aujourd’hui.
franceinfo : C'est un travail au long cours que vous avez entamé, une sorte d'étude sociologique avec un documentaire par an sur dix ans. Vous avez pour ambition qu'on ressorte ces images dans 30, 50, 100 ans pour comprendre à quoi ressemblait la jeunesse d'aujourd'hui. Vous voulez faire une œuvre patrimoniale ?
François Chevré : C'est un peu le mot. C'est vrai que ça pourra servir à ça plus tard. Quand dans dix, 20, 30 ans, on regardera les archives, ces images-là, on se dira : Ah oui, c'est vrai, ça existait. Instagram, c'était quoi ?
On retrouve Lilou, Maël, Riwan, Mohamed et Coline. Il avait 11 ans quand vous avez commencé à les filmer. Maintenant, ils sont en troisième, ils ont 14 ans et ne sont plus forcément tous dans le même établissement. Vous êtes de la famille maintenant ? Quel lien avez-vous avec eux ?
La famille, c'est un grand mot, mais oui, c'est sûr qu'un lien s'est développé. On se connaît bien. La dernière fois, il y a Riwan qui m'a dit : Mais, tu n'es plus un inconnu, c'est facile de te parler maintenant. C'est vrai qu'avec le temps, on développe des relations. Chacun a sa façon de développer une relation avec moi, je les laisse un peu faire, à vrai dire, mais ça se passe bien.
Vous êtes devenu une sorte de confident ? Vous disent-ils des choses qu'ils ne disent pas à leurs parents, par exemple ?
Ça peut arriver, mais je ne dirais rien !
"Je fais aussi attention aussi à ce que je répercute dans le documentaire, il faut aussi protéger les enfants. "
François Chevré, journaliste et réalisateurà franceinfo
Pour que, par exemple, il n'y ait pas de conséquences comme la moquerie ?
Exactement. Le harcèlement fait partie des choses et je fais attention aussi à ne pas tendre la perche.
Ils peuvent s'arrêter quand ils veulent.
Oui. On a comme un petit contrat moral, ils n'ont rien signé, pour rester dans le projet parce que c'est important. Parfois, il y a des réflexions, on en discute et on arrive à faire continuer les choses.
Comment organisez-vous les tournages ?
J'ai une quinzaine de journées de tournage par an. C'est en moyenne trois jours par jeune, sachant que je fais des moments collectifs au collège. Du coup, je passe moins de temps en tête à tête avec eux. Peu de jours de tournage, mais je compense avec pas mal de coups de fil, des messages pour prendre des nouvelles et puis bien cibler les moments où je vais tourner.
Comment faites-vous quand vous ratez des moments importants de leur vie, positifs ou même négatifs comme la perte d'un proche ou autre. Comment pouvez-vous le raconter après ?
Justement, je le raconte après. Ce sont des moments choisis dans l'année. On pense aux images qu'on va faire avec les jeunes et qui vont être évocatrices par rapport aux moments dont on est en train de parler.
Les réseaux sociaux, évidemment, sont très présents dans leur vie aujourd'hui, sauf pour un, sauf pour Maël qui n'a même pas de téléphone. Est-ce que vous vous dites que vous avez eu de la chance de tomber sur lui ? Il n'y en a pas beaucoup qui ne vont pas sur les réseaux sociaux et qui n'ont même pas le téléphone.
Oui, j'ai peut-être eu de la chance pour faire un contrepoids avec ce qu'on entend beaucoup : Les gens sont complètement accros aux réseaux sociaux. Dans les cinq, ils ne sont pas forcément tous accros et puis on a, en effet Maël, à qui les parents n'ont pas donné de téléphone.
On va spoiler parce qu'aujourd'hui il est en seconde et qu'il en a un ! Tous les autres vont sur TikTok, Instagram, Snapchat, mais ils affirment ne pas en être dupes et surtout, semblent avoir beaucoup de maturité quant à la perception de ce qu'ils peuvent y voir.
Oui, je trouve. Pas mal. Est-ce que les influenceurs les influencent ? Je pense qu'ils influencent tout le monde à partir du moment où on voit un contenu, on est influencé un minimum. Eux, ne sont pas dupes dans le sens où ils ne vont pas se faire avoir par les mises en scène.
Il y a une chose qui m'a vraiment frappée dans ce quatrième volet, c'est quand ils parlent de leur future vie professionnelle. Alors ils ont envie d'avoir un métier qui leur plaît, de bien gagner leur vie, mais ils ne sont pas prêts à tout sacrifier pour le travail, comme les générations d'avant. Ça aussi, ça vous a frappé ?
Oui, complètement. Ils veulent un peu le beurre et l'argent du beurre ! Je veux bien gagner ma vie, je ne veux pas trop travailler, je ne veux pas être stressé. Mais sur le fond, c'est vrai qu'ils ont envie d'un métier-passion, mais sans tout sacrifier et réussir leur vie personnelle. Je pense que l'accomplissement pour eux, c'est la vie personnelle avant le travail.
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