Pas d’actionnaire privé, pas de dividendes versés : Ouest-France revendique sa particularité à la Une

Depuis vendredi et désormais chaque jour, le journal le plus vendu de France mentionnera sous son logo qu’il appartient à une association à but non lucratif. Une garantie d’indépendance éditoriale vis-à-vis des pressions politiques et économiques.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François-Xavier Lefranc, président du directoir et directeur de la publication de Ouest-France. (franceinfo)

François-Xavier Lefranc préside le directoire de Ouest-France, dont il est également directeur de la publication. Le quotidien régional est le titre le plus vendu de la presse française avec 600 000 exemplaires par jour et une audience numérique de 190 millions de connexions par mois avec 700 journalistes dans ses rangs. Un titre qui affiche une nouveauté depuis le 29 mars 2024 sur sa Une, ou plutôt un rappel indiqué sous le logo du journal : "Une publication de l'Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste".

Une rareté dans le monde de la presse écrite en Europe puisque le quotidien dépend d'une association à but non lucratif depuis une trentaine d’années. Il n'appartient à aucun groupe industriel et ne verse pas de dividendes à des actionnaires. "Ouest-France n'est pas là pour gagner du fric. Il est là pour défendre la démocratie et l'indépendance éditoriale" comme le souligne François-Xavier Lefranc.

"Une politique vertueuse"

Une autonomie qui oblige à jouer les équilibristes économiques dans l’univers d’une presse exsangue dont les ventes baissent et alors que le marché publicitaire profite de plus en plus aux GAFA (Google, Apple, Amazon, Facebook…) "On a fait le choix du journalisme de qualité, de l'éditorial, le choix d'investir dans le reportage". Le directeur de la publication apporte tout de même une précision : "La publicité représente à peu près 20% de nos revenus et nous avons un socle extrêmement puissant de 600 000 abonnés. Nous devons avoir une politique vertueuse".

Une autonomie économique qui oblige aussi à explorer d’autres territoires comme celui du numérique. Ouest-France dispose d’une plateforme numérique extrêmement puissante, "Elle est la deuxième en audience de France. On est très présents sur les supports numériques et nous voulons aller chercher nos lecteurs et nos lectrices là où ils sont" ajoute-t-il.

Pas de sondages d’intention de vote pour les Européennes

Toujours pour marquer sa différence, le quotidien a décidé de ne pas publier de sondages d’intention de votes aux élections européennes dans Ouest-France comme cela avait déjà été le cas pour les dernières présidentielles. François-Xavier Lefranc s’en explique : "Nous considérons que le temps de journalisme passé à commenter les sondages qui vont nous dire la même chose jusqu'au moment du vote, va contribuer à donner un temps de présence médiatique tout à fait artificiel aux personnes qui sont en tête. Parlons de l'Europe, parlons des vrais sujets : la sécurité, l'économie, les questions d'immigration, les questions d'alimentation".

Ouest-France s'associe également à franceinfo pour lancer l'opération L'info et vous, une grande consultation pour connaître l'opinion et les attentes des Français sur les médias et l'information, à partir du 2 avril 2024. "On partage la bataille de l'information de qualité et surtout, on veut être en conversation permanente avec les citoyens qui nous lisent, qui nous écoutent, qui nous regardent" explique François-Xavier Lefranc. Il juge qu'en ces temps de désinformation, il est nécessaire que les journalistes expliquent comment ils travaillent, leur éthique et leur déontologie pour que les gens comprennent comment se fait l'information et que "La confiance remonte".

Un grand débat, en guise de point d’orgue de cette consultation, aura lieu le 16 mai à Rennes. Il réunira des citoyens et des journalistes, "Ce sera très ouvert. Il n'y aura pas de questions taboues", conclut François-Xavier Lefranc.

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