"Tu seras mère, ma fille" sur France 5 : un siècle de lutte des femmes pour s’émanciper

Le film commence au lendemain de la Première Guerre mondiale. Pour les pouvoirs publics, l’urgence est de repeupler la France. Les actualités martèlent des messages alarmants : notre pays serait en péril car les naissances sont insuffisantes. Les femmes doivent faire des enfants, elles ne sont finalement que des ventres.

"Cet acte très intime de mettre au monde des enfants est un acte social", explique Camille Ménager sur franceinfo. En 1941, lorsque le régime de Vichy capitule face à l’Allemagne nazie, le maréchal Pétain accuse les femmes : "Elles se seraient trop amusées pendant l’entre-deux guerres, au détriment du renouvellement des générations qui aurait permis de gagner la guerre."

Les Françaises en ont assez d’être des poules pondeuses

C’est à ce moment-là que le dirigeant français met en place le culte de la mère, en instaurant par exemple la Fête des mères, et rend l’avortement passible de la peine de mort. Puis vient le baby-boom des années 1950 : "On sort d’une tragédie et il y a un espoir collectif retrouvé qui peut expliquer l’explosion du nombre de naissances", selon Camille Ménager. Tout change la décennie suivante : les Françaises en ont assez d’être des poules pondeuses, elles veulent pouvoir contrôler leur corps et leur vie.

Le sujet s’invite dans la campagne présidentielle de 1965. La concept de charge mentale émerge dans les années 1980, les femmes travaillent (pour un salaire inférieur à celui des hommes) et découvrent les doubles journées. De ce côté-là, 40 ans plus tard, rien n’a vraiment changé. "Tu seras mère, ma fille", dimanche 8 mars à 20h50 sur France 5.