Des bactéries responsables du lien entre stress et infarctus
C’est un fait établi : le risque d’être victime d’une crise cardiaque augmente en flèche au cours des périodes de stress. Une étude américaine a montré en 2012 que le risque d'infarctus est multiplié par 20 dans les 24 heures qui suivent le décès d'un proche. Une autre étude européenne a montré, la même année, que les personnes stressées au travail voient leur risque de faire une attaque cardiaque augmenter de 23% par rapport aux autres.
La nouveauté, c’est que des chercheurs croient avoir compris pourquoi certaines de ces personnes sont terrassées précisément à ce moment-là. David Davies, de l'université new-yorkaise de Bing-hamton, et ses collègues, avancent une hypothèse audacieuse et mettent en évidence le rôle de bactéries dans la fragilisation des plaques d'athérome, ces dépôts de graisses qui recouvrent la paroi des artères. Des bactéries pourraient jouer un rôle direct dans la rupture de ces plaques. La rupture d’une plaque peut provoquer la formation d’un caillot qui va ensuite bloquer la circulation sanguine en direction du cœur, et c’est l’infarctus !
Le rôle des bactéries
Les chercheurs ont observé que, pour vivre en colonie, ces bactéries constituent autour d’elles une sorte de filets très solides, appeler biofilms. Dans les plaques prélevées sur les patients, les biofilms bactériens formaient une sorte de film adhésif.
En cas de stress, l’organisme libère des hormones bien spéciales comme la noradrénaline qui augmente le taux de fer dans le sang. Or la présence de fer incite les bactéries à se libérer de leur biofilm. C’est une réaction naturelle. Mais pour se libérer elles sécrètent des molécules, appelées enzymes, qui dissolvent leur filet protecteur en dégradant la plaque d’athérome qui les abritaient. Plus simplement : les hormones du stress en dégradant les biofilms bactériens, amorceraient une sorte de mécanique infernale qui aboutit à la fragilisation de la plaque au point que cette dernière finie par rompre et provoquer un infarctus.
A l'avenir
Les chercheurs tentent de mettre au point une méthode simple de détection des plaques à risque depuis plus d’une décennie.Il est déjà possible d’aller vérifier l’état des plaques mais c’est assez compliqué car il faut passer par l’intérieur des vaisseaux. Ces examens sont assez lourds et ils ne sont pas sans risques.
D'autres techniques sont à l'étude et la plus avancé repose sur la détection du calcium dans les plaques. Selon certains scientifiques, la présence d’une grande quantité de calcium indiquerait en effet une fragilité potentielle. Ssauf qu'une question centrale reste à élucider : le calcium est-il vraiment un marqueur du risque de rupture ? Rien n’est moins sûr. Beaucoup soupçonne que l’apparition du calcium sur les plaques est sans rapport avec sa fragilité. Ce qui nous ramène à nos bactéries. En effet, si leur rôle se confirme dans les périodes de stress, elles pourraient bien constituer UN signal totalement inédit du risque imminent d’infarctus.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.