Au Royaume-Uni, les jardins perdus d’Heligan, parmi les plus extraordinaires d’Europe
Dans les Cornouailles, tout au sud de l’Angleterre, un domaine est resté caché et préservé pendant la plus grande partie du XXe siècle.
Les jardins perdus d’Heligan (The Lost Gardens of Heligan) est un parc gigantesque de près de huit hectares où l'on fauche encore les champs à la main. On y trouve des espèces endémiques et des plantes rarissimes : les rhododendrons y ont plus de 200 ans et les camélias y sont géants.
Pendant 70 ans, le parc a disparu de la surface de la Terre
En 1990, John Willlis, qui habite en Cornouailles, hérite avec plusieurs membres de sa famille d’une part de la propriété, gérée par un trust et qui comprend quelques terres agricoles et un bois. Ce bois ressemble à un décor de La Belle au bois dormant. Quand ils en parlent, les habitants du village d’à côté disent même "la jungle", tant les arbres, les lianes, les plantes sont enchevêtrées. John Willis part en exploration et emmène avec lui avec lui l’un de ses amis, producteur de disques. Ce qu’ils découvrent dépasse l’imagination. Au milieu de la forêt, des bassins, des bananiers, des fougères arborescentes de plus de 20 mètres de haut. Ils rassemblent plusieurs connaissances, s’associent, louent le domaine aux autres héritiers de la famille et se lancent dans le défrichage et la restauration.
Une famille férue d'exotisme
Les premières plantations datent du XVIIIe siècle. La famille Tremayne, qui habite là depuis près de 150 ans, installe des serres pour faire pousser des melons et des murs pour abriter les plantations. Au XIXe siècle, les infrastructures se développent, avec un réseau de tuyaux souterrains pour chauffer les végétaux pendant l’hiver.
Les descendants prennent l’habitude de contacter les chefs d’expéditions maritimes, qui reviennent d’Amérique du Sud ou d’Orient, pour leur demander de leur ramener des graines et des plantes rares. En 1830, les Tremayne sont les seuls, en Angleterre, à cultiver des ananas. En 1850, ils commencent une collection de rhododendrons, dont les troncs font aujourd’hui plus d’un mètre de circonférence. Ils construisent ensuite un jardin japonais, des bassins à l’italienne, des cascades avec des palmiers.
Les jardins recouverts d'un voile d'oubli
En 1914, les jardiniers, les employés de maison, tous ceux qui travaillent sur place sont envoyés au front. Il y a encore sur l’un des murs leurs noms, tracés sur le crépi au moment de partir. La maison, comme beaucoup de grands domaines privés à l’époque, devient un hôpital de convalescence pour les officiers blessés. Il tombe ensuite à l’abandon.
Vingt ans de réhabilitation
Aujourd’hui, la quasi-totalité du domaine a été restaurée. Il a fallu près de 20 ans de travail. L’équipe qui s’en occupe reçoit régulièrement des prix, des récompenses agricoles. Un pont de singe permet de se promener au milieu des arbres géants, au milieu des sculptures et des espèces sauvages et protégées comme les hiboux ou les loutres, une expérience unique.
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