Jardin. À Rouen, l'association Triticum relance la culture de céréales anciennes
Plus digestes, plus rustiques, les blés anciens font l'objet de tests de culture. La farine est utilisée pour réaliser à terme un pain 100% normand.
Triticum, c’est le nom d’une association et d’un projet citoyen nés à Rouen. Son objectif : la réintroduction de céréales anciennes dans la production agricole et dans l’alimentation locale.
Semences libres et qualités nutritives
Le blé est une céréale vitale qui se décline en blé dur, blé tendre, petit ou grand épeautre, amidonnier, blé indien ou blé poulard... L’association Triticum (nom botanique du blé) fait partie du réseau Semences Paysannes France et teste une centaine de céréales dans un champs à Roncheville-sur-le-Vivier, non loin de Rouen.
Pourquoi cette volonté de réintroduction de céréales anciennes ? Les explications de Simon Bridonneau, président de Triticum :
"Les semences paysannes sont libres de droits contrairement aux semences dites commerciales, qui appartiennent à des sociétés et sont brevetées. Seconde différence : les semences anciennes sont plus rustiques. Elles ont l'habitude de vivre dans des conditions difficiles, sans intrants. Nous voulons les retrouver, les observer, les multiplier avant de les distribuer."
Les semences cultivées pour le pain et la farine industrielles sont issues d'une sélection drastique qui est, en partie, faite pour adapter la plante à la machine (jamais l'inverse) et fabriquer du pain de manière mécanique, et le plus rapidement possible."
En terme nutritif, les blés anciens sont reconnus plus digestes par de nombreux boulangers et consommateurs. Leurs glutens sont moins 'élastiques'.
Simon Bridonneau, président de Triticum
Bientôt du pain 100% normand
Sur cette parcelle de culture à Roncheville-sur-le-Vivier, tout est fait à la main, du semis (avec un semoir de maraîcher) à la récolte et au battage des céréales, en passant par le désherbage, le tout dans un esprit low tech.
Rien n’est arrosé, car les céréales anciennes développent des racines plus longues qui les aident à mieux supporter les épisodes de sécheresse. Une partie de la récolte de l’an passé a été transformée en farine et confiée à des boulangers de la métropole de Rouen. Un pas de plus vers la fabrication d’un pain 100% normand.
D’autres adhérents mettent en place le processus de fabrication d’une bière locale.
Des graines voyageuses
Cette bière (comme le pain) est fabriquée à partir de blés qui peuvent venir du monde entier.
Au XIXe siècle, les variétés ont voyagé. Nous avons, par exemple, semé du blé poulard d'Australie. Il s'agit d'un blé parti dans les valises des migrants mais, en Europe, il avait disparu. Nous avons pu le retrouver là-bas.
Simon Bridonneau
"Une assocation québecoise nous a envoyé des graines de blés cultivés au Canada, mais qui n'existaient plus dans le nord de la France, en Allemagne et en Pologne où ils étaient cultivés dans le passé. Nous cherchons un peu partout ces variétés, dans la littérature, sur internet. C'est le bon côté de la mondialisation..."
Si vous souhaitez rejoindre l’association qui compte déjà 400 adhérents passionnés, rendez-vous sur le site triticum.fr
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.