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Jouer à "What Remains of Edith Finch", et mourir

Et si le jeu vidéo pouvait raconter la vie, la vraie, avec ses bonheurs, ses douleurs, en s’éloignant paradoxalement du réel ? C’est le morceau de bravoure de What remains of Edith Finch à jouer sur consoles et PC.

Article rédigé par franceinfo, Jean Zeid
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Arms à jouer sur la console Switch (NINTENDO)

Ce qui reste d’Edith Finch, c’est une maison biscornue et une tragique histoire familiale, la première étant la transcription architecturale de la deuxième. Edith a 17 ans quand débute cette étonnante marche funèbre. Ultime descendante d’une famille qui pense souffrir d’une malédiction mortelle, le jeu est une exploration d’une poignée d’heures de ce manoir baroque qu’elle a quittée il y a plusieurs années pour échapper à une mort acquise comme précoce. Les autres Finch n’ont pas eu cette chance depuis que l'arrière-grand-père Odin a littéralement déménagé sa maison de la Norvège jusqu'aux États-Unis un siècle plus tôt, et n’a pas su empêcher quatre générations de Finch de souffrir de cette infortune.

Le jeu s’apparente d’ailleurs à une recherche des êtres perdus dans une chaumière désormais vide, avec trop de livres, trop de meubles, trop de souvenirs, comme un sourire avec trop de dents. Chaque chambre ayant appartenu à un membre de la famille est l’occasion de compléter un arbre généalogique émouvant. Mais ce qui aurait pu s’apparenter à un long catalogue d’accidents domestiques prend plutôt une tournure littéraire mélodramatique.

Une machine à se raconter des histoires 

C’est bien le fantastique qui sauve What remains of Edith Finch du voyeurisme scabreux. Car ici, la mort se raconte toujours de manière surréaliste, invraisemblable, des contes à dormir debout pour supporter l’insupportable. What remains of Edith Finch est d’ailleurs une formidable machine à se raconter des histoires, à se mentir pour s’éloigner de la réalité. Le jeu touche son but, crève les cœurs et fait sortir les mouchoirs. On croit chercher un monstre imaginaire, on ne trouve que du banal.

On n’oubliera pas de sitôt la mort de ce jeune homme abruti par son travail et qui va se perdre dans des rêves de gloire alors que ses mains découpe du poisson à la chaîne. Cette balade mélancolique en version originale sous titrée est aussi irréelle que triviale, la rencontre impossible de Burton avec Balzac. Et pourtant, What remains of Edith Finch relève le défi de faire jouer au sens de la vie, aux douloureuses cicatrices du deuil. L’un des grands jeux de l'année.

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