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A Paris, on cherche les Parisiens...

Du 5 au 7 octobre se tient à Paris, place Stalingrad, la deuxième fête des Régions. L'occasion de mettre l'accent sur un phénomène curieux : à Paris, il y a finalement très peu de "vrais" Parisiens
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Ce sont les
impitoyables statistiques de l'Insee qui le disent : seuls 31 % des
Parisiens sont nés à Paris. Une proportion incroyablement faible puisqu'en
moyenne, 55 % des Français vivent dans leur département de naissance.

 Rien de tel dans la capitale,
donc, où au total, 69 % des habitants sont nés ailleurs. Dans le détail :
14 % viennent d'un autre département d'Ile-de-France, 31 % d'une autre région
de métropole, 1% de l'outre-mer et 23 % de l'étranger, Portugais et Algériens
en tête.**

 Si l'on ne s'intéresse
qu'aux migrations françaises - fête des régions oblige - les Bretons
sont les plus nombreux, avec 52 000 représentants. Suivent
les personnes originaires de Rhône-Alpes, de la région Centre, des Pays de la Loire et du Nord-Pas-de-Calais.

 A l'inverse, les moins représentées sont les quatre régions d'outre mer, mais aussi la Corse, l'Alsace, la Franche Comté
et le Limousin.

 Cela, c'est pour les
grandes masses. Si l'on mesurer l'attraction de la capitale, il  vaut mieux calculer en proportion de la région
d'origine, en rapportant le nombre Provinciaux dans la capitale à la population de chaque région d'orginie. Cette fois, le classement change du tout au tout. Ce sont deux régions d'outre-mer, la Martinique et la Guadeloupe, qui se distinguent, devant la Basse-Normandie et le Limousin. La région Centre et la Bretagne
n'arrivent qu'ensuite. Où l'on voit que c'est la pauvreté, plus encore que la distance, qui incite à quitter son pays natal.

La répartition de ces provinciaux dans la capitale ne relève
pas du hasard. On y observe par exemple l'influence des gares: les Bourguignons
se regroupent autour de la gare de Lyon, les Picards autour de la gare du Nord,
les Bretons autour de Montparnasse, etc.

 Le niveau social joue aussi un rôle : les Antillais,
qui occupent souvent des emplois peu qualifiés, habitent plutôt les quartiers
pauvres du nord-est de la capitale.

 Les métiers interviennent également : le XIIè, avec
Bercy, l'ancien quartier du vin, reste encore aujourd'hui un fief auvergnat.

 On peut même deviner l'influence de la politique puisque
c'est dans le Ve arrondissement que les Corses sont les plus nombreux : le
Ve étant l'arrondissement de l'ancien maire, d'origine corse faut-il le
rappeler, Jean Tiberi.

Avec cette immigration massive, la vie à
Paris offre une ouverture formidable sur les autres cultures. Mais elle contribue
aussi à créer un grand sentiment d'anonymat.

 Du coup, ces Parisiens venus d'ailleurs éprouvent souvent le
besoin de renouer avec leurs racines, de se retrouver avec leurs semblables. C'est pourquoi, malgré les années
qui passent, beaucoup continuent à se définir comme Provençaux, Vendéens ou Béarnais.

 Cela explique à la fois les difficultés du PSG à fédérer ses
supporters, mais aussi le succès de cette fête des régions qui, dans un pays
comme la France, ne pourrait avoir lieu autre part qu'à Paris.

 

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