La revanche des piétons
On n'en a pas toujours conscience, mais à Paris comme dans la plupart des villes françaises, les aménagements se multiplient en faveur des piétons.C'est que nos bonnes vieilles jambes rendent encore bien des services.
A Paris, 55 % des déplacements s'effectuent encore à pied : plus d'un déplacement sur deux est assuré par la marche. Il est vrai que la capitale est l'une des villes les plus denses d'Europe. Tout y est très proche : les commerces, les écoles, les bureaux. La marche est donc souvent le moyen le plus rapide et le plus efficace pour se rendre d'un point à un autre. Ceci explique cela.
Evidemment, les choix politiques effectués par nos élus jouent aussi un rôle dans cette situation . Pour garder l'exemple de Paris, les surfaces réservées aux trottoirs ont ainsi augmenté de 7% depuis l'arrivée à l'hôtel de ville de Bertrand Delanoë, en 2001. La place de la République, longtemps réduite à un rôle de tourniquet à voitures, est en train d'être réaménagée en ce sens (voir photo).
Et la quantité n'est pas tout, la qualité compte aussi : certains trottoirs ont été élargis, d'autres débarrassés des obstacles qui les encombraient ; des bateaux ont été abaissés pour faciliter la traversée des personnes âgées et des jeunes parents avec des poussettes, etc. On s'emploie même à peindre les murs ou, comme à Versailles, à décorer le mobilier urbain pour rendre les parcours agréables. De telle sorte que le piéton ne se sent plus un intrus dans la ville, comme ce fut le cas avec la période " tout bagnole " des années 1960 ou 1970.
Cette nouvelle manière d'aménager la ville est loin d'être une mode. Car elle répond à des besoins profonds . Lutter contre la pollution en diminuant la circulation automobile ; améliorer la santé des citadins en les encourageant à un minimum d'exercice physique; améliorer la qualité de vie en diminuant les nuisances sonores, etc.
Le problème , évidemment, est que les lois de la géométrie sont implacables. A surface constante, accorder plus de place aux piétons revient à en enlever aux autres usagers de la voirie, les automobilistes en particulier. Et nous sommes tous un peu schizophrènes en la matière puisque nous sommes tour à tour piétons et automobilistes. La réduction de la place accordée à la voiture nous fait plaisir lorsque nous nous marchons en ville et nous fait râler lorsque nous sommes coincés dans les bouchons.
Pas de contresens, cependant. Selon les spécialistes, le XXIe siècle ne sera pas celui de la marche à pied, comme le XXe a été celui de l'automobile.
L'avenir est au mariage des différents modes de transports . Le Français moderne utilisera selon les jours le bus, le métro, la voiture ou la marche à pied, en fonction de ses besoins. Mais le constat demeure : dans nos villes hypermodernes, le mode de transport le plus archaïque de l'humanité gardera encore toute sa place.
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