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Quel nom pour les habitants du Loiret ?

Le département du Loiret cherche un nom pour ses habitants. Une consultation a été lancée le 11 juin et prendra fin demain.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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S'appelleront-ils les Loirétains ? Les
Ligéritains ? Ou les Loiréanais ?
Voilà en tout cas le choix qui est
proposé aux habitants du Loiret. L'appellation qui aura reçu le plus de
suffrages sera annoncée jeudi. Et deviendra officielle dès le 1er
juillet.

Le Loiret n'est pas le seul à s'interroger sur son identité. Cette
semaine, l'Ille-et-Vilaine a adopté une démarche semblable et a fini par opter pour
Bretilliens. Voilà quelques années, le département de la Somme avait arrêté son
choix sur Samariens. Les fantaisistes qui avaient proposé Sommités ou Sommosapiens
n'avaient pas été suivis.

Evidemment, il ne suffit pas de trouver une désignation.
Encore faut-il que les habitants se l'approprient.
C'est possible quand le nom
sonne bien. Les Landais , les Vendéens, les Finistériens, ça marche. Mais bon
nombre de départements se sont inventés une appellation que tout le monde
ignore. Personnellement, je n'ai jamais rencontré quelqu'un venant de Dijon se
présentant comme Côte d'Orien. Et franchement, cela peut même tourner au gag.
Il paraît qu'il faut dire Altiligérien en Haute-Loire, Icaunais dans l'Yonne et carrément Sequano-Dyonisiens en
Seine-Saint-Denis. Bon courage.

En réalité, quand ils se nomment, la plupart des Français se réfèrent
soit à des régions historiques, soit à des villes. On est Marseillais ou
Provençal, mais pas bucco-rhodanien.
On est Alsacien, pas bas-Rhinois. On est breton
avant d'être Costarmoricain. On est Basque ou Béarnais, jamais
"pyrénéo-atlanticain".

La difficulté des départements à nommer leurs habitants vient
de loin.
Lors de la création des départements, en 1790, les Révolutionnaires avaient
cherché précisément à effacer le souvenir des anciennes provinces, afin de
marquer la rupture avec la Monarchie. Et ils ont choisi des noms de rivières ou
de montagnes qui ne renvoyaient à rien.

Ce qui est frappant, simplement, c'est que, malgré deux
siècles d'existence, de nombreux départements n'ont toujours pas réussi à forger un
sentiment d'appartenance.

Alors, je sais bien que l'on va m'opposer un argument. Lorsqu'il
s'est agi de supprimer les numéros  des
départements sur les plaques minéralogiques,
un véritable mouvement d'opinion a
eu lieu pour s'opposer à cette mesure. Certains en ont conclu que les Français
avaient ainsi marqué leur attachement au département. Je ne le crois pas.
En
fait, les Français se sont opposés à l' anonymat
que représentait le remplacement des numéros des départements par un alignement
impersonnel de chiffres et de lettres. Mais ils auraient sans doute accepté de
leur substituer le nom de leur ville ou de leur région.

En réalité, les départements sentent bien que leur existence
est de plus en plus contestée. D'où leur tentative un brin pathétique
d'inventer des appellations
qu'ils rêveraient de voir leurs habitants
s'approprier. De vous à moi, il vaudrait
peut-être mieux avoir le courage de réformer la carte administrative que de
dépenser de l'argent dans de telles opérations d'acharnement thérapeutique.

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