Cantonales 2015 : vers une bérézina de la gauche
Un parlementaire socialiste qui en a vu d’autres le confie en privé : "la raclée peut être pire qu’aux municipales ".
En public, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS confirme ce dignostic : "si les écologistes, les communistes, les radicaux, les amis de Jean-Pierre Chevènement ou d’autres ne s’unissent pas, nous serons éliminés mathématiquement des prochaines élections départementales ". Plusieurs éléments justifient cette inquiétude. En premier lieu, le contexte économique et politique.
Compter avec une donnée mathématique
En 2015, la majorité a peu de chance d’avoir regagné suffisamment la confiance des Français pour espérer l’emporter. Mais Jean-Christophe Cambadélis précise bien qu’il faut également compter avec une donnée mathématique. Le mode de scrutin a été modifié. Désormais, un binôme, un couple - un homme et une femme - se présentera devant les électeurs. Pour être désigné vainqueur, le principe est le même que pour un candidat aux législatives, 50% des inscrit ou le premier arrivé en tête au second tour, qui cette fois-ci oppose deux binômes adversaires, et désigne deux vainqueurs, le binôme.
Nombreuses dissidences
C’est une sorte de quitte ou double à deux. On gagne ou on perd deux sièges d’un coup. D’où l’inquiétude des socialistes. Et pourquoi cette mise en garde de Jean-Christophe Cambadélis envers les partenaires du PS ? Les dernières élections municipales l’ont montré. Les candidats sont de moins disciplinés. Les dissidences ont été nombreuses cette année, et assez souvent couronnées de succès. Ce qui encourage les émancipations futures. Autre comportement de plus en plus fréquent, le refus de se désister pour des partis supposés amis. Localement, les accords nationaux sont difficiles à faire respecter entre socialistes, écologistes et autres composantes de la gauche.
La mise en garde de Cambadélis
Jean Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS a prévenu. Ces comportements individualistes sont dangereux. Ils font perdre des élections. Mais le raisonnement se heurte à une vieille conviction locale, quand la tempête souffle depuis Paris, mieux vaut jouer sur son terrain personnel, mieux vaut se distinguer du national, voire lui tourner le dos. Ce comportement encourage les dissidences réelles, ou les ententes sur le dos du pouvoir. Ce qui pousse le premier secrétaire du Parti socialiste à voir l’avenir en noir. Jean-Christophe Cambadélis veut provoquer un sursaut vers l’union.
Si le PS est dans la criticaillerie constante, sans hauteur de vue, s'il n'incarne pas l'intérêt général, il sera rayé de l'histoire
Sans union, la gauche perdra énormément, il en est convaincu. Et pour mieux convaincre, Jean-Christophe Cambadélis dit les choses clairement : "Si tout le monde va à la concurrence, le Parti socialiste perdra énormément, mais les autres disparaitront". Cela fait de nombreuses années que Jean-Christophe Cambadélis rêve de diriger le PS. Visiblement, il prend sa mission très au sérieux, elle devient une mission de survie. Si le PS n’est pas capable d’unir les forces de gauche, s’il est "dans la criticaillerie constante, sans hauteur de vue, s’il n’incarne pas l’intérêt général, il sera rayé de l’histoire ", prévient le premier secrétaire. Mais il en va des avertissements politiques comme des maladies psychosomatiques, il ne suffit pas de savoir que l’on somatise pour s’empêcher de le faire.
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