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Des législatives partielles en forme de référendum anti-Hollande

L'info politique ce soir, c'est l'invalidation de l'élection de deux députés de l'opposition. L'UMP Patrick Devedjian devra à nouveau se soumettre au jugement des électeurs dans les Hauts de Seine, ainsi que le centriste UDI Henri Plagnol dans le Val de Marne. Des élections qui vont prendre valeur de test national.
Article rédigé par franceinfo
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Patrick Devedjian et Henri Plagnol
ont commis la même erreur : avoir choisi comme suppléant un élu qui était déjà
remplaçant, éventuel, d'un sénateur. Ce qui est interdit par la loi.

Henri Plagnol l'affirme tout de
go, son principal argument de campagne  sera
d'adresser un carton rouge à François Hollande. Le député du parti de Jean-Louis
Borloo veut transformer cette élection partielle en référendum anti-gouvernement
Ayrault.

L'argument est simple et facile.
Henri Plagnol l'avait largement emporté il y a 4 mois, avec 57% des voix. Il
faudrait vraiment une très grosse inversion des tendances pour que son référendum
échoue.

Le cas de Patrick Devedjian est un peu plus complexe.

L'ancien ministre de l'industrie
de Jacques Chirac ne l'a emporté que de 191 voix, dans un contexte très
particulier.

Patrick Devedjian, c'est le
président du conseil général des Hauts de Seine, l'ancien fief de Nicolas
Sarkozy. Un homme très contesté par une partie de la droite sarkozyste dans le
92, y compris par le fils de Nicolas Sarkozy, Jean, qui lorgnait son siège. En vain,
Patrick Devedjian avait su résister à la famille sarkozyste en ses terres.

Le putsch raté contre le
président du conseil général avait eu raison de sa vieille amitié avec Nicolas
Sarkozy.

Avocat de formation, cultivé et
affable, Patrick Devedjian était l'un des rares à s'entendre à la fois avec Jacques
Chirac et Edouard Balladur, et donc Nicolas Sarkozy.

Mais cette entente s'est
progressivement usée.

Quand Nicolas Sarkozy n'a pas
nommé Patrick Devedjian à la justice en 2007, puis quand arrivé à la tête du
département, Patrick Devedjian a annoncé qu'il allait nettoyer les écuries d'Augias.
Son inimitié avec le couple Balkany s'est alors étalée sur la place publique.

Patrick Devedjian est devenu l'incarnation
de la résistance, à droite, à un système clanique des amis  du président de la République.

Une lutte politique dont la
violence (et les arrières cuisines) sont décrites par le menu par la directrice
de cabinet de Patrick Devedjian dans un livre : " le monarque, son
fils, son fief " paru aux Editions du Moment, en pleine campagne des législatives.

Le courroux des sarkozyste a été
tel que la directrice de cabinet a été licenciée, et que Patrick Devedjian a
perdu 6 points entre 2007 et 2012.

Mais c'est toute la droite qui a
perdu dans les Hauts de Seine, puisque François Hollande était sorti en tête au
second tour avec plus de 52% des suffrages.

 

Cette élection partielle va donc avoir valeur de test national dans le
département de Nicolas Sarkozy.

  La question est de savoir si les
électeurs de droite sortiront de leurs querelles de famille pour sanctionner le
pouvoir de gauche, en faisant de Patrick Devedjian le héros de cette victoire. C'est-à-dire
en portant aux nues un rebelle au sarkozysme, et un soutien de François Fillon.

A moins que cette réconciliation
soit impossible et qu'elle se heurte à l'envie de revanche sur celui que
certains considèrent comme un traître.

Patrick Devedjian est conscient
de ces enjeux. Pour l'instant, prudemment, il se dit réjoui du fait que les
électeurs s'expriment à nouveau, mais il compte également contester la décision
du conseil Constitutionnel.

 Et d'autres décisions du Conseil constitutionnel sont attendues.

  Une quarantaine de recours
doivent encore être étudiés d'ici la fin de l'année, dont celui de Marine Le
Pen. Ce qui veut dire qu'en cas de nouvelles invalidations, une série de législatives
partielles pourrait rythmer les prochains mois, d'une façon plus épineuse que
des sondages.

 

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