Édito
Déclaration de politique générale de Michel Barnier : pour ne mécontenter personne, le Premier ministre est-il condamné à rester vague dans son propos ?

Près d'un mois après sa nomination, enfin doté d'un gouvernement, Michel Barnier prononcera sa déclaration de politique générale pour présenter sa feuille de route. Sans majorité, le point d'équilibre semble difficile à trouver pour lui.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre Michel Barnier prononce un discours lors du 130e Congrès national des Sapeurs-Pompiers de France, au Parc des Expositions de Mâcon, dans le centre-est de la France, le 28 septembre 2024. (ALEX MARTIN / AFP)

Michel Barnier prononce, mardi 1er octobre à 15 heures, son discours de politique général. Un grand oral dans des circonstances politiques exceptionnellement difficiles. Résumons : le Premier ministre n’a pas de majorité, il vit sous la menace permanente d’une motion de censure, et les caisses de l’État sont vides, une situation financière calamiteuse qui nécessite des mesures urgentes et difficiles. Bref, comme le disait l’un de ses prédécesseurs à Matignon, Jean-Pierre Raffarin, "la pente est forte". Sauf que pour Michel Barnier, la route n’est pas forcement droite. Édito.
 
Pour éviter la sortie de route, le Premier ministre va devoir prendre des virages serrés. Il est pris sous un tir croisé : les flèches du RN, auquel il a dû donner des gages, allant jusqu’à appeler Marine Le Pen la semaine dernière. Les exigences des députés du groupe Ensemble dont beaucoup, à commencer par Gabriel Attal et Gérald Darmanin, lui ont fait savoir leur opposition à toute hausse d’impôt. La surenchère de l’aile droitière de LR, qui multiplie les coups de menton sur la sécurité et l’immigration, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau allant jusqu’à remettre en cause "l’État de droit", une sortie qui a outré les macronistes. Pour slalomer entre de tels écueils sans mécontenter personne, Michel Barnier n’a d’autre chemin à emprunter que la diagonale du flou.

Prudent sur les réformes 


Il doit quand même préciser sa feuille de route et il se montrera grave et solennel sur le constat, la situation des finances publiques plus dégradée qu’attendu, et ferme sur les intentions, l’urgence de rétablir la sécurité, ou de reprendre le contrôle d’une "immigration incontrôlée". Bref, gaullien ! Il égrènera d’ailleurs les références au Général son héros de jeunesse. Il insistera aussi sur sa méthode, la "co-construction" législative, le respect de tous les députés, RN et LFI compris, le souhait de bâtir des majorités élargies texte par texte. En termes de réformes, le Premier ministre devrait se montrer plus prudent, et renvoyer nombre d’entre elles à des discussions et des consultations ultérieures.
Sa situation politique est très fragile et il connaît la fameuse maxime du cardinal de Retz : "On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens". Une ambiguïté qui agace ses soutiens macronistes. Eux dégainent volontiers l’avertissement de la grand-mère de Martine Aubry : "Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup" . Au vu des exigences contradictoires que Michel Barnier doit concilier, il y a même sans doute une meute entière.

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