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Doubs : un paradoxe, des questions

Victoire à la Pyrrhus pour le PS dimanche dernier dans la 4ème circonscription du Doubs : le candidat socialiste l'a emporté avec 863 petites voix d'avance sur la candidate Front national. Résultat : ceux qui ont le sourire ne sont pas les vainqueurs. Un paradoxe et beaucoup de questions, dont certaines sont pour l’heure sans réponse.
Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

863 voix d'avance sur 67.000 inscrits, c'est 1% du corps électoral, et c'est peu, après une campagne massive, la venue sur place du ministre de l'Intérieur et du Premier ministre, bref, la nationalisation du scrutin, et la dramatisation sur le mode : "nous ou la peste brune ".

Le candidat socialiste a fait presque 24 points de mieux qu'au premier tour, preuve qu'il y a une remobilisation de l'électorat de gauche, qui vient mettre un terme à la longue litanie des défaites électorales enregistrées depuis l'arrivée de François Hollande à l'Elysée, mais si l'on prend en compte le total des voix de gauche, le gain entre les premier et second tours se limite à 13 points, pendant que la candidate frontiste enregistre une progression de 16%.

Dernier chiffre : par rapport à la précédente législative de 2012, le Front national gagne 5.000 électeurs pendant que le PS en perd 4.000, les socialistes sont donc appelés à rester modestes : "Nous sommes sur le fil du rasoir ", prévient le Premier ministre Manuel Valls. "Il y a le feu au lac ", enchaîne sur France Info le patron du PS Jean-Christophe Cambadelis.

Le Front national "aux portes du pouvoir"

Ce qui fait peur au PS comme à l'UMP, ce sont les réserves de voix du FN : "Ils ont un stock de premier tour et des réserves pour le second" , résume le monsieur élection du PS Christophe Borgel. "Par ailleurs, cet électorat frontiste est ultra-mobilisé, beaucoup plus que le nôtre ", ajoute-t-il, tout en observant que le phénomène n'est pas nouveau. Lors de précédentes législatives partielles dans l'Oise et le Lot-et-Garonne, le Front national a enregistré les mêmes progressions et on a constaté là aussi de grosses réserves de voix, une dynamique sensible dès les cantonales de 2011, où le Front national s'était qualifié au second tour dans 400 cantons sur 2000.

Selon les calculs socialistes, aux prochaines élections, le FN devrait pouvoir se maintenir dans 500 cantons, y compris, et c'est le plus important, dans des situations de duels, et plus seulement de triangulaires, la gauche pourrait en effet être éliminée dans plusieurs centaines de cantons, autant dire que rue de Solferino, les regards sont fixés sur cette échéance : les départementales de la fin du mois prochain.

Des réserves de voix à l’UMP ?

Autre grande question après ce scrutin : quel a été le choix des électeurs UMP ? Pour le Front national, c'est clair : une majorité d'entre eux a voté pour la candidate frontiste, au rebours du "ni ni" préconisé par la direction du parti une analyse qui valide la stratégie de Marine Le Pen, à savoir siphonner les électeurs de la droite républicaine, et prospérer sur les divisions de l'UMP.

Sauf que l'affaire semble plus compliquée qu'elle n'en a l'air : entre les deux tours, le Front national a-t-il mobilisé les abstentionnistes ou les électeurs UMP du 1er tour ? Il faudra plusieurs jours pour le déterminer, dit-on au Parti socialiste, où on s'attelle à la rude tâche de scruter les feuilles d'émargement et les résultats, bureau de vote par bureau de vote.

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