Édito
Budget 2025 : la cure d'austérité souhaitée par Michel Barnier arrange en réalité beaucoup de monde à gauche comme à droite

Pour redresser les finances publiques, le gouvernement prévoit 60 milliards d'euros d'effort dans son projet de budget 2025. Ces annonces font grincer des dents, même si en fait les responsables politiques ne sont, pour beaucoup, pas mécontents que Michel Barnier fasse le sale boulot.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre  Michel Barnier après avoir un discours devant le Sénat, à Paris, le 2 octobre 2024, (THOMAS SAMSON / AFP)

Pour ramener le déficit public à 5% du PIB fin 2025, Michel Barnier envisage un effort budgétaire gigantesque de quelque 60 milliards d’euros ! C’est l’addition totale dévoilée par le gouvernement pour le projet de budget qui sera présenté jeudi 10 octobre. Cet effort repose pour un tiers sur des recettes supplémentaires, des impôts, et surtout, pour les deux tiers restant, sur une baisse des dépenses publiques de 40 milliards d’euros, ça, c’est du jamais-vu ! Le Premier ministre veut mettre à contribution toutes les administrations publiques, mais aussi les collectivités locales, et freiner les dépenses sociales en désindexant les pensions pendant six mois. Évidemment, cette potion aussi amère va faire grincer des dents au sein même du gouvernement et faire hurler les parlementaires, y compris parmi ceux qui soutiennent Michel Barnier.

Et pourtant, il risque bien d'y avoir une majorité pour approuver ce budget. Au fond, le sang et les larmes budgétaires annoncés par Michel Barnier sur un mode churchillien arrangent beaucoup de monde. À droite, dans les rangs du bloc central macroniste, et même au sein d’une partie de la gauche, beaucoup sont ravis que ce Premier ministre-là se coltine le sale boulot. La présidentielle approche, et avec elle, encore, une fois, son festival de promesses onéreuses. Tous ceux qui rêvent d’Élysée, Édouard Philippe, Laurent Wauquiez, Gabriel Attal et les autres sont bien contents d’avoir trouvé un volontaire pour s’infliger une telle corvée budgétaire. La potion Barnier, vous savez c’est un peu comme le trou normand, ce petit verre de calva avalé entre deux assiettes pour aider à digérer un plat en sauce avant d’ingurgiter le suivant. On sait qu’il faut en passer par là, si on veut arriver à la suite. 

L’homme qui tombe à pic


Michel Barnier a donc le profil pour cette mission. Un Premier ministre âgé de 73 ans et dépourvu de toute ambition élyséenne : c’est le bon CV pour impulser une purge aux finances publiques. En fait, sa présence à Matignon arrange tout le monde. Les macronistes contraints de céder la place, la gauche pas prête pour gouverner, et même le RN qui a besoin de temps. Pour tous, Michel Barnier, c’est l’homme qui tombe à pic, vous vous souvenez, cette série de ces années 80 que le style vintage du Premier ministre semble ressusciter. "L’homme qui vient de loin et n’a jamais peur de rien", disait le générique. Et que faisait le héros de la série ? Il était cascadeur !

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