Budget 2025 : hausses d'impôts ciblées, report de la revalorisation des retraites, baisse des dépenses… Comment le gouvernement compte trouver 60 milliards d'euros

Article rédigé par Alice Galopin
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le Premier ministre, Michel Barnier, à la sortie de l'Elysée après le Conseil des ministres, le 1er octobre 2024. (ANDREA SAVORANI NERI / AFP)
Le Premier ministre, Michel Barnier, entend notamment baisser les dépenses publiques d'environ 40 milliards l'année prochaine. Le gouvernement souhaite, entre autres, reporter de six mois la revalorisation des pensions de retraite initialement prévue le 1er janvier.

La feuille de route budgétaire du gouvernement se dessine. Dans sa déclaration de politique générale à l'Assemblée, mardi 1er octobre, Michel Barnier a annoncé son intention de ramener le déficit public à 5% en 2025 et à 3% à l'horizon 2029, après un dérapage attendu à 6,1% cette année. Pour y parvenir, le gouvernement compte trouver 60 milliards d'euros dès l'année prochaine.

Environ "deux tiers" de cet effort budgétaire, soit 40 milliards, proviendra d'une réduction des dépenses publiques, a assuré le Premier ministre. Il entend trouver 20 milliards supplémentaires du côté des recettes, notamment vie des taxes ciblées et "exceptionnelles". Avant la présentation du projet de loi de finances en Conseil des ministres, prévue le 10 octobre, franceinfo récapitule ce que l'on sait des premières pistes du gouvernement.

Des hausses d'impôts "temporaires" pour les plus aisés et certaines grandes entreprises

Pour redresser les comptes publics, le Premier ministre a annoncé "une participation au redressement collectif aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants" et entend également mettre en place "une contribution exceptionnelle" des "Français les plus fortunés". Le ministre de l'Economie a cependant déjà prévenu que cet "effort" ne sera que "temporaire" et "exceptionnel". "Il est hors de question que ça dure plusieurs années de suite au même niveau pour tout le monde", a insisté Antoine Armand, le ministre de l'Economie, mercredi 2 octobre sur RTL.

Les hausses d'impôts toucheront uniquement "celles et ceux qui ont des revenus extrêmement importants", a-t-il ajouté. Du côté des entreprises, "les TPE, PME, les entreprises de taille intermédiaire et un certain nombre de groupes qui sont très exposés en ce moment ne doivent pas contribuer davantage". "L'idée, c'est de faire contribuer les très grands groupes du pays qui ont fait des bénéfices, y compris dans des situations difficiles", a avancé le locataire de Bercy.

En revanche, le ministre de l'Economie assure qu'il "ne touchera pas de manière générale au barème de l'impôt pour celles et ceux qui travaillent au quotidien" et qu'il n'augmentera pas "la fiscalité des classes moyennes et des classes moyennes supérieures". Pour l'heure, le gouvernement ne chiffre pas précisément les recettes attendues de ces hausses d'impôts et renvoie pour les détails à la présentation du projet de loi de finances (PLF) la semaine prochaine.

Quelque 20 milliards d'économies demandées aux ministères

Le plus gros effort de réduction des dépenses sera demandé à l'Etat. Les lettres plafonds envoyées fin août par le précédent gouvernement prévoyaient déjà un recul de 15 milliards d'euros des dépenses des ministères en 2025. La nouvelle équipe gouvernementale entend leur demander cinq milliards d'euros supplémentaires. Toutefois, en raison des délais serrés pour élaborer le budget, cet effort complémentaire n'a pu être intégré à temps dans le projet de loi de finances transmis au Haut Conseil des finances publiques et sera défendu par le gouvernement au Parlement via des amendements. 

Le gouvernement estime que toutes les administrations publiques doivent être mises à contribution. Un peu plus d'un milliard d'euros de ralentissement des dépenses sera exigé auprès des opérateurs de l'Etat. "Un lissage" et "une modération" des dépenses des collectivités locales est également attendu. Devant la commission des finances de l'Assemblée, fin septembre, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, s'est alarmé des dépenses des collectivités "plus élevées que la trajectoire ne le prévoyait", évoquant un surcroît "de l'ordre de 16 milliards d'euros pour 2024". Dans un rapport publié mercredi, la Cour des comptes suggère une suppression progressive de 100 000 effectifs dans les collectivités pour générer "4,1 milliards d'euros par an à partir de 2030".

La revalorisation des pensions de retraite reportée au 1er juillet

Le gouvernement compte par ailleurs freiner les dépenses sociales. Sur ce volet, les pensions de retraite continueront d'être indexées sur l'inflation en 2025, comme Emmanuel Macron s'y était engagé en juin avant les législatives anticipées. Traditionnellement, cette revalorisation intervient le 1er janvier. Le gouvernement a toutefois décidé de reporter l'entrée en vigueur de cette mesure au 1er juillet. Selon le ministère du Travail, contacté par franceinfo, ce report de six mois permettra une économie d'environ 4 milliards d’euros d’économies en 2025.

L'indexation des pensions de retraite sur la hausse des prix est en théorie prévue par la loi. Mais en pratique, cette règle n'a pas toujours été appliquée. Les gouvernements successifs ont parfois décalé l'entrée en vigueur de cette revalorisation, ou choisi de sous-indexer les pensions par rapport au niveau de l'inflation, voire tout simplement de les geler.

Environ 1,5 milliard de recettes en faveur de la transition écologique

Du côté des recettes supplémentaires, le gouvernement prévoit de dégager environ 1,5 milliard d'euros grâce à des mesures de verdissement de l'économie. Comme l'effort supplémentaire demandé aux ministères, ces mesures n'ont pas pu être intégrées à temps dans la version initiale du projet de loi de finances et seront portées par le gouvernement à travers des amendements.

L'exécutif envisage notamment un malus sur les véhicules les plus polluants et un renforcement de la fiscalité des modes de transports les plus néfastes pour l'environnement. Même si le gouvernement n'a pas encore détaillé quels secteurs seront concernés, les représentants des transports aériens craignent déjà d'être davantage taxés. En conséquence, le PDG de la compagnie aérienne Corsair et président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam), Pascal de Izaguirre, n'exclut pas, auprès de l'AFP, une répercussion sur le prix des billets des passagers, arguant que "les compagnies aériennes ne sont pas en mesure d'absorber un tel choc de fiscalité".

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