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Les pensions de retraite sont-elles désindexées de l'inflation, comme l'affirme Nicolas Dupont-Aignan ?

Le candidat Debout la France à la présidentielle a proposé d'indexer les pensions de retraite sur l'inflation. C'est déjà prévu dans une loi de 1993, mais cela n'a pas forcément été appliqué tous les ans.

Article rédigé par franceinfo, Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne, président de Debout la France, était l'invité de franceinfo le 18 mai 2021. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Je propose qu'on indexe sur l'inflation les pensions de retraite. Les pensions de retraite ont été désindexées depuis François Hollande, Emmanuel Macron ministre, et ça continue", a dénoncé le candidat Debout la France à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, alors qu'il était interrogé sur franceinfo jeudi 17 mars.

Il y a du vrai et du faux dans ce que dit Nicolas Dupont-Aignan, tout simplement parce qu'il y a la théorie... et la pratique. La théorie, c'est ce que prévoit la loi depuis plus de 30 ans. À la fin des années 80, il a été décidé d'indexer les pensions de base sur l'inflation, c'est-à-dire de calculer leur montant en fonction de l'évolution des prix. Cela signifie concrètement, qu'en théorie, si l'inflation est de 2%, les retraites, elles aussi, doivent augmenter de 2%. Mais dans la pratique, ce n'est pas toujours le cas.

Comment les gouvernements contournent la loi 

Comme le dit Nicolas Dupont Aignan, depuis dix ans, les gouvernements contournent cette loi, tout simplement en votant une autre loi qui vient écraser la première. François Hollande et Emmanuel Macron ont choisi de faire des économies sur les pensions, et cela a pu passer par le projet de loi de finances de la Sécurité sociale qui est voté chaque année.

En 2019 par exemple, Emmanuel Macron a choisi la sous-indexation. Il n'a augmenté les retraites que de 0,3% alors que l'inflation était de 1,8%. François Hollande, lui, a carrément décidé de geler les pensions en 2014 et 2016. Toutefois, l'inflation ayant été faible à cette période, cela n'a pas eu de grosses conséquences.

Une autre astuce a permis aux gouvernements successifs de faire des économies sur les pensions : décaler la date de revalorisation. Tantôt fixée au 1er janvier, puis au 1er avril... 1er octobre... pour revenir au 1er janvier... Ce décalage de la date de revalorisation se fait chaque fois sans rattrapage entre les mois qui se sont écoulés entre l'ancienne et la nouvelle date, ce qui fait que les retraités y perdent bien in fine.

Le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites est clair à ce sujet : "les mécanismes de revalorisation (décalages de la date de revalorisation des pensions de base et mécanismes de sous-indexation par rapport à l’inflation) expliqueraient un peu moins de la moitié (44 %) de la perte de pouvoir d’achat du cadre né en 1932 et environ un tiers (entre 32 % et 35 %) de celles des autres générations, le reste étant expliqué par la hausse des prélèvements".

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