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Édito
Convention des partis d'extrême droite à Madrid : les alliés peu présentables du Rassemblement National
Marine Le Pen a participé, dimanche 19 mai, à Madrid à une convention de dirigeants d’extrême droite organisée par le parti espagnol Vox. Officiellement, elle voulait soigner sa stature internationale en s’affichant aux côtés de quelques dirigeants étrangers, comme le président argentin Javier Milei ou la présidente du conseil italien Giorgia Meloni qui s’est d’ailleurs contentée d’envoyer un message vidéo.
Marine Le Pen a aussi profité de cette tribune pour s’attaquer au "duo Macron- Von der Leyen" qu’elle accuse de s’être mis au service du "séparatisme et de la submersion migratoires" en voulant "faire disparaître les frontières". Une charge qui ne l’empêche pourtant pas de ne plus vouloir sortir de l’espace Schengen, qui a instauré la libre circulation des personnes en Europe.
Deux groupes pour les formations d'extrême droite
Marine Le Pen a aussi plaidé pour l'union des partis nationalistes en Europe. Ce n'est pas gagné quand on observe les profondes divisions qui opposent les formations d’extrême droite. Au Parlement européen, elles sont divisées en deux groupes, celui des "Conservateurs et réformistes européens", dominé par Giorgia Meloni, plutôt libéral, résolument atlantiste et soutien de l’Ukraine, et l’autre, baptisé "Identité et démocratie", au sein duquel siègent les élus du RN, très étatiste, foncièrement pro-russe et séduits par Vladimir Poutine. C’est toujours une gageure de bâtir une alliance européenne de partis nationalistes qui sont, par définition, attachés à la défense de leur pré carré national. S’afficher avec ses alliés étrangers, c’est souvent assez risqué pour le RN.
Certains de ces partis sont peu présentables et continuent de dire tout haut ce que Marine Le Pen s’interdit de susurrer tout bas au nom de la fameuse "dédiabolisation". Ainsi, le parti espagnol Vox s’applique-t-il à réhabiliter la mémoire et l’héritage du dictateur Franco. Les Allemands de l’AfD, absents dimanche à Madrid mais alliés du RN à Strasbourg, ont rencontré à l’automne des cadres néonazis pour envisager l’expulsion de plusieurs millions d’étrangers ou d’Allemands d’origine étrangère.
L’initiative avait froissé le RN. Sans oublier le président argentin, Javier Milei, qui s’attaque, comme il l’avait promis de façon drastique et brutale aux dépenses sociales de l’État. Marine Le Pen pourfend l’ultra-libéralisme à Paris mais applaudit son champion argentin de passage en Europe. "Avoir un bon copain, c’est ce qu’il y a de meilleur au monde", disait la chanson. Il y a en quand même certains que Marine Le Pen devrait éviter si elle veut faire croire que l’extrême droite a vraiment changé.
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