Édito
Déclaration de politique générale de Michel Barnier : après le grand oral, place maintenant à des travaux pratiques plus clivants

Le Premier ministre a exposé ses priorités, mardi, devant l'Assemblée nationale. S'il a pu s'en tenir à des engagements assez généraux, l'absence de majorité va le condamner à devoir négocier presque texte par texte.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Premier ministre Michel Barnier prononce son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, le 1er octobre 2024. (ANTONIN BURAT / LE PICTORIUM / MAXPPP)

Michel Barnier a donc présenté, mardi 1er octobre à l’Assemblée, la feuille de route de son gouvernement. Un discours de politique générale d’une heure et vingt minutes, ponctué d’engagements assez généraux, comme redresser les finances publiques, maîtriser la politique migratoire, promouvoir une "écologie des solutions", mais pas d’annonce de réformes précises, pas de calendrier détaillé, l’absence de majorité condamne Michel Barnier à la prudence. Le Premier ministre avait commencé par une citation du général de Gaulle : "Faire beaucoup avec peu". Il a tenu parole. Il a beaucoup parlé, mais a bien peu de cartes en mains et pas même de vraie majorité solide. On l'a mesuré quand il a asséné à Gabriel Attal, lors du débat, qu'il serait attentif aux propositions d'économies pour résorber le déficit qu'il a trouvé ... en arrivant à Matignon. Une sortie digne des Tontons flingueurs. Pour essayer de concilier les exigences contradictoires de ses soutiens macronistes ou LR, et se ménager l'indulgence du RN, Michel Barnier aura besoin de ses talents supposés de négociateur. Ce gout du dialogue, il a promis de l'appliquer, mardi, au dossier calédonien ou à la réforme des retraites qu'il veut "améliorer'. Un ton qui tranchait avec celui plus abrupt, plus vertical de Gabriel Attal.


 

Composer avec des soutiens fragiles


Il y a donc, sur la forme bien plus que sur le fond, une rupture avec son prédécesseur. Finie la "start-up nation", l’heure est au retour du vintage. "Le style, c’est l’homme", disait le naturaliste Buffon. Celui de Michel Barnier, c’est un mix de deux de ses prédécesseurs de droite à Matignon, Édouard Balladur pour le ton solennel, grave au moment de dépeindre une France sous la menace de l’épée de Damoclès d’une "dette colossale" et d’exhorter à "l’effort" et au "redressement collectif". Et puis Jean-Pierre Raffarin, pour le côté apaisant, patelin, le bon sens et l’appel au rassemblement des bonnes volontés. Chez Michel Barnier, pas d’effet de manche. Oubliés les punchlines et le rythme trépidant de Gabriel Attal. Côté séries, disons qu’on est passé de Jack Bauer dans 24 heures chrono à Loulou la Brocante.
 
Pour le Premier ministre, l’oral franchi, les travaux pratiques seront plus clivants. Faute de marges de manœuvre, Michel Barnier va être contraint de composer, presque texte par texte, avec des soutiens fragiles. Il aura bien besoin de cette sérénité, de ce flegme imperturbable, qui tranchait mardi de façon spectaculaire avec le chahut permanent entretenu par les Insoumis et le ton menaçant, presque arrogant, d’une Marine Le Pen, qui se régale déjà à l’idée de le faire chuter quand bon lui semblera.

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