Édito
Emmanuel Macron en exercice diplomatique au Maroc

Le président de la République débute lundi une visite de trois jours au Maroc, l'occasion de s'investir dans les affaires du monde pour exister politiquement en ces temps de cohabitation.
Article rédigé par Benjamin Sportouch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le président de la République, Emmanuel Macron, le 21 octobre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Il faut dire que le chef de l’État doit se sentir grandement désœuvré depuis l’échec de sa dissolution et plus encore depuis l’arrivée de Michel Barnier. Lui qui intervenait dans tout, tout le temps, doit désormais apprendre la discrétion. C’est un peu comme si un hyperactif était contraint de jouer au scrabble. Et Emmanuel Macron se rabat donc sur ce qu’il peut : les affaires étrangères. Tout comme ses prédécesseurs, Mitterrand et Chirac, en temps de cohabitation.

Sauf que le moindre mot a désormais un impact international. Moins Emmanuel Macron parle sur la scène intérieure, plus ses déclarations internationales résonnent. Prenez sa récente sortie en conseil des ministres sur Israël et la résolution de l'ONU : ces propos confirmés par des ministres autour de la table ce jour-là, malgré ses dénégations, n’ont fait qu’ajouter de l’huile sur un feu déjà trop ardent. Ce qui fait dire à une ministre, pourtant issue du sérail macroniste, que "l’international n’est pas forcément le meilleur moyen pour exister politiquement" tant tout est inflammable.

Manier l'art subtil de la diplomatie

Ce sera aussi le cas au Maroc où Emmanuel Macron devra donner des gages sans humilier le voisin algérien. En fait, c’est peut-être pour le président le temps du véritable apprentissage des affaires du monde : il était avant tout un président qu’on pourrait qualifier de "l’intérieur". Habitué aux formules choc, il doit maintenant manier l'art subtil de la diplomatie. Une punchline qui fait mouche à Paris peut devenir une bombe à retardement à l'autre bout du monde. Le fameux effet papillon qu’Emmanuel Macron apprend à ses dépens.

La tâche n’est pas facilitée par son isolement politique en France, loin de là. Ses homologues européens et au-delà n’ignorent pas son affaiblissement politique. Quand il arrive aux conseils européens, Emmanuel Macron a perdu de sa superbe. Au contraire, l’italienne Giorgia Meloni peut s’appuyer sur des succès électoraux chez elle. Comment prendre au sérieux les grandes ambitions européennes d'un président qui ne peut même plus garantir la ratification des traités par son propre Parlement ? Lui qui se rêvait en nouveau leader de l'Europe et au-delà en défenseur de la "grandeur de la France" et de son rôle dans le monde doit donc apprendre l’humilité et la prudence.

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