Édito
Gabriel Attal nommé Premier ministre: ses atouts et ses handicaps pour contrer la progression du RN

Dans les enquêtes d’opinion, la cote du Rassemblement National est à la hausse. Emmanuel Macron espère inverser la tendance avec la nomination de Gabriel Attal.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Gabriel Attal, le 9 janvier 2024, à Matignon lors de la passation de pouvoir avec Elisabeth Borne. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Le chef de l’État a une crainte qui tourne à l’obsession : il redoute par-dessus tout que Marine Le Pen lui succède à l’Élysée en 2027. Il entend tout faire pour l’empêcher. Avec Gabriel Attal, il pense avoir trouvé une arme anti-Rassemblement national (RN) et il espère qu’elle fera effet dès les élections européennes du 9 juin. Pour l’heure, la liste conduite par Jordan Bardella caracole en tête des sondages d’intentions de vote avec 8 à 10 points d’avance sur celle de Renaissance. Avec Gabriel Attal à Matignon, la majorité espère bien combler ce retard et limiter les dégâts. 

Gabriel Attal possède plusieurs atouts pour contrer l'extrême droite. Outre son âge, 34 ans - la même génération que Jordan Bardella qui en a 28 -, Gabriel Attal veut incarner la restauration de l’autorité. À l’Éducation nationale, il en a fait son mot d’ordre, qui plaît à la fois aux profs et aux parents. Et il l’a concrétisé, notamment, par une décision plébiscitée par l’opinion : l’interdiction de l’abaya.

Ce retour à l’ordre, il le prône aussi dans le reste de la société comme l’a montré son déplacement sur la sécurité, mercredi, dans le Val D’Oise et son hommage appuyé à la police. Enfin, Gabriel Attal veut défendre les classes moyennes, les Français qui travaillent dur, payent leurs impôts et aspirent à la tranquillité. Des accents sarkozystes qui chassent aussi sur les terres du RN.

Attal-Bardella : un duel au long cours

Pour reconquérir l’électorat populaire lepéniste, le Premier ministre a toutefois deux handicaps : ses origines sociales et Emmanuel Macron. Pur produit de l’élite, élevé dans les beaux quartiers, Gabriel Attal ne peut pas se contenter d’apparaître comme un clone du chef de l’État. Surtout par contraste avec Jordan Bardella qui a grandi en Seine-Saint-Denis.

Mais les deux hommes ont aussi un autre point commun. Tous deux illustrent le basculement de la politique dans une nouvelle ère du militantisme numérique. Ce sont les deux faces de la politique TikTok. Une application qu’ils utilisent abondamment, ils y postent de courtes vidéos pour séduire des jeunes. Une façon assez narcissique de polir leur image pour préparer des échéances électorales plus lointaines. La présidentielle de 2027, 2032 ou 2037 ? Ils ont tout leur temps. Attal et Bardella semblent s’être choisis comme adversaires favoris pour installer un duel au long cours.

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