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Édito
Grève au "JDD" : certains politiques s'inquiètent de l'arrivée de Geoffroy Lejeune à la tête du journal
Toujours en grève, les salariés du Journal du dimanche se réunissent mercredi 28 juin pour décider de la poursuite ou non de leur mouvement. Et voilà que les politiques s’invitent dans cette crise, avec plusieurs interventions de députés de la majorité macroniste et de la Nupes mardi lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée. Et puis une pétition, signée par plusieurs centaines de personnalités dont des dizaines de figures politiques, parmi lesquelles Anne Hidalgo, Martine Aubry ou encore Lionel Jospin. Tous s’indignent de la nomination à la tête de la rédaction du Journal du dimanche de Geoffroy Lejeune, ex-directeur de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs Actuelles, ami proche et fidèle soutien de Marion Maréchal et d’Eric Zemmour. Et tous s’inquiètent de la volonté de Vincent Bolloré de mettre au service des idées de l’extrême droite les titres de presse du groupe Lagardère dont il finit de prendre possession.
Une offensive idéologique décomplexée
L’Etat ne peut pas s’opposer à la nomination du directeur d’un journal, bien sûr, et c’est tant mieux. C’est la décision souveraine d’un actionnaire privé. Heureusement que les directeurs de journaux ne sont pas choisis par les gouvernements. En fait, depuis la loi sur la liberté de la presse de 1984, qui tentait de réfréner les appétits du groupe Hersant, l’Etat déploie surtout des moyens pour essayer de limiter la concentration des médias. Ce qui n’empêche pas la constitution d’une poignée de très gros groupes au risque de menacer le pluralisme. Mais ce qui est nouveau avec Vincent Bolloré, c’est qu’il ne mène pas seulement une stratégie capitalistique, mais une offensive idéologique décomplexée. II ne prend pas de gants pour bâtir un groupe de presse ultra-conservateur, comme l’a par exemple montré la transformation d’iTélé en CNews. C’est ce qui inquiète les élus – enfin, ceux qui ne sont pas d’extrême droite ou de droite extrême. Et c’est ce qui peut inciter à réformer la loi pour donner aux rédactions davantage de moyens pour protéger leur indépendance éditoriale.
En attendant, la mobilisation de ces centaines de personnalités sert à sonner le tocsin pour défendre un véritable enjeu démocratique et à alerter l’opinion. Après tout, le sort d’un journal tient d’abord à l’attitude de ses lecteurs. Si demain, ceux-ci abandonnent un titre qu’ils ne reconnaissent plus, même le plus cynique des actionnaires pourrait finir par changer de stratégie pour arrêter de perdre de l’argent.
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