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Édito
Groupes de niveau au collège : Gabriel Attal désavoué par sa ministre de l’Éducation ?
La nouvelle ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet a déclaré jeudi 7 mars, dans un entretien au Monde, qu'elle allait "introduire une certaine souplesse" dans l'instauration des groupes de niveau au collège en français et mathématiques. Les syndicats enseignants, hostiles à cette mesure qu'ils considèrent comme un "recul", se sont réjouis de l'annonce de la ministre, l'accueillant comme un désaveu de la méthode de son prédécesseur.
Gabriel Attal a annoncé en décembre l'instauration de groupes de niveau en français et en maths en classes de 6e et 5e dès la rentrée de septembre 2024, puis en 4e et en 3e l'année suivante. C'est l'une des mesures emblématiques de son "choc des savoirs" qui a l'objectif de remonter le niveau des collégiens en chute libre dans ces enseignements fondamentaux, selon la dernière livraison du classement Pisa. Les syndicats enseignants dénoncent le risque d'opérer un "tri des élèves" dès la 6e et c'est cette hostilité assez massive des profs qui conduit la ministre à rectifier le tir.
Pour autant, Nicole Belloubet n'abandonne pas la mesure, au contraire. Elle veut, dit-elle "tout faire" pour rendre cet engagement "possible et applicable sur le terrain". Bref, ce n'est qu'un changement de ton, pas d'objectif. Après les annonces qui claquent, place à la prudence, au pragmatisme. Avec un vocabulaire un peu différent. Nicole Belloubet ne parle pas de "groupes de niveau", mais de "groupes de besoin" ou "de compétence". Et elle insiste sur "l'autonomie des établissements".
Un assouplissement en accord avec Matignon
Cette inflexion est d'abord due à la brièveté du séjour de Gabriel Attal à l'Éducation, à peine cinq mois, pas le temps de se soucier de l'intendance. Lui aussi aurait sans doute dû se montrer plus souple s'il était resté plus longtemps. D'ailleurs, "la souplesse" mise en avant jeudi par Nicole Belloubet l'a été en plein accord avec Matignon qui fait savoir que le Premier ministre continue de suivre de près tout ce qui concerne la "cause de l'école". Mais au fond, la ministre n'avait pas trop le choix.
Nicole Belloubet a été nommée rue de Grenelle avec une première mission, urgente et impérative : réparer les dégâts causés par le passage de la tempête Oudéa-Castera, l'intérimaire qui s'est mis à dos les personnels de l'Éducation en quelques jours. Nicole Belloubet doit jouer les casques bleus, apaiser les tensions avec pour seuls moyens l'écoute et le dialogue, des outils plus indispensables encore au moment où l'État entre dans une période de vaches maigres budgétaires.
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