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Édito
Guerre entre Israël et le Hamas : la "tournée" diplomatique du ministre de la Défense au Proche-Orient
Dans le conflit en cours au Proche-Orient, la position de la France semble parfois hésitante, et voilà qu’Emmanuel Macron envoie son ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, dans la région. La tournée a débuté mardi 14 novembre en Égypte. Elle se poursuivra dans le Golfe, les Émirats, l'Arabie Saoudite et le Qatar, et s’achèvera vendredi 17 novembre en Israël.
La colère d'Israël
Sébastien Lecornu est missionné par l’Élysée pour se faire le "VRP" de la parole présidentielle, ou plutôt l’agent d’une séance de rattrapage au vu des tâtonnements du chef de l’État. Dernier cafouillage en date, l’interview accordée par Emmanuel Macron à la BBC vendredi 10 novembre, un entretien au cours duquel il a appelé à un cessez-le-feu et exhorté Israël à arrêter de "tuer des femmes et des bébés" car "il n’y a aucune justification à attaquer des civils". Résultat, une grosse colère de Tel-Aviv et un coup de fil penaud du chef de l’État au président Israélien Herzog, pour lui réaffirmer la "solidarité" de la France avec Israël dans sa lutte contre les terroristes du Hamas.
Ces hésitations du chef de l’État s'expliquent sans doute par une grande crainte, d’une "importation du conflit", selon l'expression consacrée, dans l’hexagone. Rappelons que la France est le pays d'Europe qui compte la plus importante communauté juive, un peu moins de 600 000 personnes, et la plus importante communauté musulmane, environ six millions de personnes.
Éviter le déchirement communautaire
Le modèle républicain, assis sur la laïcité, préserve notre pays des déchirements communautaires. Le chef de l’État veut le conforter. Mais cela le conduit parfois à se prendre les pieds dans le tapis du fameux "en même temps". Par exemple, après avoir encouragé la marche contre l’antisémitisme, il a renoncé à s’y afficher, au risque de brouiller son message sur la défense de la République et de "l’unité nationale".
Sur le Proche-Orient, Emmanuel Macron est en quête d’équilibre. On l’a vu lors de son voyage dans la région, fin octobre. Il a affiché son soutien à Israël attaqué et souhaité une riposte qui épargne les populations civiles de Gaza. Il a pris soin de se rendre aussi en Cisjordanie et en Égypte. Mais Emmanuel Macron a aussi appelé soudainement à la constitution d’une "coalition internationale contre le Hamas", sur le modèle de celle qui a terrassé Daech. Avant de rétropédaler devant la consternation des pays arabes et des États-Unis. Bref, emporté par son tempérament, Emmanuel Macron n’a pas toujours le verbe diplomatique. Au risque de manquer parfois, non seulement d’équilibre, mais carrément de boussole.
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