Édito
Jordan Bardella, le visage juvénile d’une extrême droite pas si lisse que ça

Sa cote de popularité s'envole, il s'adresse aux jeunes sur Tiktok, soigne sa communication, mais son image de gendre idéal commence à être écornée par plusieurs révélations.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jordan Bardella, lors des voeux à la presse du Rassemblement national, le 15 janvier 2024, à Paris. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

La liste du Rassemblement national (RN) conduite par Jordan Bardella caracole en tête des sondages d’intentions de vote pour les élections européennes avec environ 30% des intentions et une dizaine de points d’avance sur la liste de Renaissance. La cote de popularité du président du RN s’envole également, bien plus haut d’ailleurs que celle de Marine Le Pen. Et tout cela est le résultat d’une stratégie de communication bien huilée.

Jordan Bardella présente un visage avenant. Il investit l’application TikTok pour séduire les jeunes, multiplie les tournées de selfies au milieu de ses supporters. Une image de gendre idéal de l’extrême droite. Sauf que les révélations se succèdent et viennent écorner ce portrait d’un jeune homme lisse et sans aspérités.

La dernière révélation en date vient de l’émission "Complément d’enquête" sur France 2 qui dévoilait, jeudi 18 janvier, l’existence d’un compte Twitter géré par Jordan Bardella sous le pseudo RepNatdu Gaito. Un faux profil sous lequel l’intéressé a distillé des propos racistes et homophobes. Jordan Bardella dément sauf que Marine Le Pen s’est discrètement désabonnée de ce compte dès la sortie de cette information. User de faux profils sur les réseaux sociaux pour déverser des propos radicaux, c’est d’ailleurs fréquent pour les dirigeants d’extrême droite. Marine Le Pen l’a fait pendant des années sous divers pseudos.

Le suppléant de Marine Le Pen en cas d'inéligibilité ?

Et puis, le journal Libération vient de confirmer que contrairement à ses affirmations, Jordan Bardella continue de confier l’impression des documents de campagne du RN à Frédéric Chatillon, l’ancien chef du GUD, un syndicat étudiant néofasciste et antisémite. Ce grand ami de Marine Le Pen a été condamné, l’an dernier, pour escroquerie pour avoir surfacturé du matériel militant du RN afin de détourner des fonds publics.

À terme, ces révélations peuvent peut-être abîmer son image au sein de l’électorat de la droite traditionnelle auquel il fait les yeux doux. En revanche, sa fréquentation de la mouvance identitaire, où il conserve nombre d’amis, peut aussi conforter sa popularité en interne, parmi les cadres du RN. Or, en septembre prochain, Marine Le Pen sera jugée pour détournement de fonds publics, dans le cadre de l’affaire des assistants fictifs du RN. Elle risque une peine d’inéligibilité. Fort du soutien de tous les courants de l’extrême droite, y compris les plus radicaux, Jordan Bardella apparaîtrait comme le suppléant légitime au cas où sa patronne serait empêchée en 2027.

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