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Édito
La France peut-elle être un partenaire comme les autres en Afrique ?
La France et l’Afrique, deux noms trop souvent accolés depuis les années 1960. La "Françafrique", ce système gazeux d’emprise politique et économique de la France sur ses anciennes colonies. Un temps d’un autre temps. Car, ce lundi 27 février, pour mettre les choses au clair lors d’une conférence de presse depuis Paris, Emmanuel Macron l'a redit : "Je n'ai aucune nostalgie pour la Françafrique". Sur son pupitre était d'ailleurs inscrit "Partenariat Afrique-France", un sens savamment choisi au cas où cela n’était pas clair…
>> Relations, présence militaire, restitutions d'œuvres d'art... Emmanuel Macron détaille ses priorités avant sa tournée en Afrique
Ca n’est pas la première fois que Paris annonce la fin de la Françafrique. Mais à la différence de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron est le premier Président né après les indépendances de ces pays africains. Il a toujours dit vouloir tourner cette page. C’était déjà au cœur de son discours de Ouagadougou en novembre 2017. Très concrètement, ce lundi, le chef de l’état a annoncé la "diminution visible" des effectifs des bases militaires françaises et une co-gestion de ces sites avec les pays hôtes. Emmanuel Macron a aussi annoncé une "loi-cadre" pour de nouvelles restitutions d’œuvres d’art. Un geste de plus après la réforme du Franc CFA ou le travail de mémoire envers l’Algérie ou le Rwanda. "La France n'a plus de pré carré en Afrique, elle a des devoirs et des intérêts", a martelé le Président.
Influence doit-elle rimer avec ingérence ?
Est-ce juste une formule ? La réalité, c'est que la France n’a effectivement plus de pré-carré en Afrique. Il y a d’ailleurs un paradoxe. Le sentiment anti-français n’a jamais été aussi fort. On l’a vu au Mali comme au Burkina Faso. Mais cela intervient dans une époque où les intérêts français n’ont jamais été aussi faibles sur le continent.
La meilleure illustration, c’est la chute de nos relations commerciales. En 20 ans, la part de marché des entreprises françaises a été divisée par deux. La Chine a pris une bonne partie du business. De son côté, la Russie a fait son grand retour et participe largement à la déstabilisation des intérêts français en Afrique.
Dans ce contexte, le déclin de la France sur le continent africain est-il inéluctable ? Comme les autres grandes puissances, la France a-t-elle le droit, sans naïveté ni ingérence, de chercher des relais d’influence et de business en Afrique ? L’Élysée peut-elle promouvoir la Francophonie sans être taxé de vouloir raviver la Françafrique ? Pour Emmanuel Macron, des questions et un jeu d’équilibriste qui va durer quatre jours.
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