Édito
Législatives 2024 : Gabriel Attal remporte le premier round

Le Premier ministre, qui a pris ses distances avec Emmanuel Macron, a été élu ce week-end président du groupe des députés Renaissance à l’Assemblée. C’est le seul qui tire son épingle du jeu pour le moment, alors que la gauche reste engluée dans ses tractations pour proposer un "Premier ministrable".
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Gabriel Attal, Premier ministre, le 5 juin 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Gabriel Attal a été officiellement élu samedi, avec 84 voix sur les 98 députés inscrits au scrutin interne. Est-ce un plébiscite ?  Pas si sûr. Certains ont voté blanc ou se sont abstenus. Néanmoins il n’y avait pas beaucoup de suspens, Gabriel Attal ayant réussi à écarter tous les autres pour être le seul candidat en lice. Mais quel que soit le score, il sort d’autant plus renforcé que, ce week-end, côté Nouveau Front populaire, aucune personnalité susceptible d’occuper le poste de Premier ministre ne s’est dégagée des débats.

Insoumis et Parti socialiste n’ont pas réussi à se mettre d’accord, englués dans leurs divisions et tractations. Par contraste, Gabriel Attal semble garant d’une certaine unité du bloc Renaissance.Il vient de gagner le premier round.

Gabriel Attal a pris ses distances avec Emmanuel Macron. Depuis la dissolution, ce n’est pas un secret, il souffle un froid glacial entre les deux hommes. Souvenez-vous, Gabriel Attal avait dit qu’il n’avait pas choisi cette dissolution mais qu’il entendait bien ne pas la subir. Il semble avoir hâte de quitter Matignon sachant que le pouvoir est désormais à l’Assemblée. Et d’un point de vue institutionnel, le voilà dans une position inédite : Premier ministre bientôt démissionnaire et président de groupe à l’Assemblée, ce que ne prévoit pas normalement notre constitution. Objectif : s’imposer comme la seule alternative crédible au macronisme et être l’homme de la situation.

Un programme encore flou

Comment ? En rassemblant autour lui, en fédérant d’anciens ministres qui ont confié apprécier que le Premier ministre se détache de la tutelle présidentielle, en réunissant aussi des députés Renaissance, dont nombreux lui doivent leur élection car Gabriel Attal a mouillé la chemise pendant cette campagne, multiplié les déplacements, assuré les débats TV. Il appelle aujourd’hui, à "tout repenser, tout réinventer, tout reconstruire", autrement dit, à bâtir un programme.
 
Un programme qui pencherait de quel côté ? C’est tout le sujet car, pour le moment, la ligne n’est pas claire. Entre d’un côté, Gérald Darmanin qui veut une orientation droite assumée mais sociale et de l’autre, Élisabeth Borne qui entend incarner une voie plus à gauche, Gabriel Attal cherche à faire la synthèse, être le garant d’une sorte d’équilibre, de rationalité, de position d’autorité. Une sorte de "en même temps" à sa façon mais qui, on l’a vu, peut vite trouver ses limites. Sans compter que la partie est loin d’être gagnée car, au sein du camp présidentiel, Gérald Darmanin, qui aurait bien aimé être président de groupe à l’Assemblée, n’entend pas se laisser marginaliser aussi facilement.

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