Édito
Législatives 2024 : les chefs de parti vont-ils réussir à se hisser au niveau de leurs électeurs ?

Le seul vainqueur de ce scrutin, c’est le front républicain. Par conséquent, le gouvernement devra, pour survivre, être composé, ou au moins soutenu, par une coalition.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les unes de la presse lundi 8 juillet au lendemain du second tour des élections législatives. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Emmanuel Macron appelle, dans une lettre publiée par la presse quotidienne régionale mercredi 10 juillet, les "forces républicaines" à "bâtir un large rassemblement", le chef de l’État constate qu’à l’issue des législatives, "aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante". Il exhorte donc les formations qui ont fait barrage à l’extrême droite et "se reconnaissent dans les institutions républicaines, l’État de droit et une orientation européenne" à discuter pour former une "majorité solide nécessairement plurielle". C’est sur cette base, et en tenant compte, dit-il, de "la demande claire de changement et du partage du pouvoir" exprimée par les électeurs, qu’il désignera un nouveau Premier ministre. 
 

Les propos d'Emmanuel Macron dénoncés de toutes parts


Le RN bien sûr, mais aussi la gauche par l'intermédiaire de Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure, Marine Tondelier, Fabien Roussel et d’autres, ont renchéri d’indignation pour accuser le chef de l’État de "refuser de reconnaître sa défaite" et de s’enfermer dans le "déni". Sauf que la gauche est elle-même… dans le déni. Le camp présidentiel a perdu, c’est vrai, mais la gauche n’a pas vraiment gagné, en tout cas pas assez pour prétendre gouverner seule. Elle est arrivée en pole position d’une courte tête, mais loin, très loin, une centaine de sièges, de la majorité absolue. Un gouvernement Nouveau Front populaire pur sucre ne tiendrait que quelques jours. L’arithmétique parlementaire est têtue, la gauche ne pourrait gouverner durablement que si elle s’ouvre à d’autres, au centre ou à droite. Comme une alliance entre les macronistes et LR, souhaitée par Gérald Darmanin et Édouard Philippe, mais récusée par Laurent Wauquiez, est elle aussi vouée à l’échec, car trop minoritaire au Palais-Bourbon.

On peut retourner le casse-tête parlementaire dans tous les sens : pour survivre, un gouvernement devra être composé, ou au moins soutenu, par une coalition allant des socialistes à LR en passant par le bloc central. Bref, il faudrait que les chefs de parti se hissent au niveau de leurs électeurs.

Faire barrage à l'extrême droite

Un seul message clair est sorti des urnes au soir du second tour : une nette majorité de Français refuse de voir l’extrême droite accéder au pouvoir. Des électeurs de gauche ont voté au centre ou à droite et des électeurs de droite ou du centre en faveur du Nouveau Front populaire, non pas par soumission à des "magouilles" ou des "alliances politiciennes contre-nature", comme le prétend Jordan Bardella, mais parce que ces électeurs considèrent que ce qui les rassemble, la défense des valeurs républicaines, est plus important que ce qui les sépare. Ils ne l’ont pas fait de gaieté de cœur. Ils ont sacrifié leurs attaches partisanes au service de l’intérêt général. Ils ont même été sages et responsables pour deux, tant Emmanuel Macron s’est montré irresponsable au moment d’appuyer sur le bouton de la dissolution.

Le seul vainqueur de ce scrutin, c’est le front républicain. C’est lui qui a décidé, dans les urnes, de la composition de l’hémicycle. C’est en le transposant au sommet que les leaders des partis pourront doter le pays d’un gouvernement stable. À l’inverse, s’ils aggravent la crise en faisant passer avant toute chose leurs intérêts personnels, ils ouvriront grand les portes de l’Élysée à Marine Le Pen en 2027. Ou peut-être avant.

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