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Édito
Marine Le Pen, grande gagnante de la crise de la réforme des retraites ?
C'est le casse-tête commun à la majorité et à la Nupes. Sur les retraites, le Rassemblement national a été inaudible et quasiment invisible. Le parti d’extrême droite s’est planqué tout au long de la discussion parlementaire. Marine Le Pen se contente de faire des grands sourires aux caméras. Et les enquêtes d’opinion montrent une nette amélioration de son image. C’est assez classique. La devise en vogue au RN, c’est : "Pour vivre heureux, vivons cachés !"
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En général, Marine Le Pen progresse quand elle se tait, et recule, en pleine lumière, en campagne électorale. Mais le phénomène prend des proportions alarmantes pour ses adversaires qui se demandent comment contrer une concurrente-savonnette qui n’offre aucune prise. Côté stratégies, la gauche met le cap à fond sur le social : pouvoir d’achat, retour à la retraite à 60 ans, omniprésence dans la rue. C’est ainsi qu’elle espère retrouver l’oreille des classes populaires. Et puis Emmanuel Macron reste le premier adversaire de Jean-Luc Mélenchon. Le chef des Insoumis soutient les "casserolades", un tour de chauffe, selon lui, de "l’insurrection citoyenne" qu’il appelle de ses vœux. Et il répète qu’en 2027, ça se jouera entre la Nupes et l’extrême droite.
Politique "utile"
Du côté du gouvernement, il y a une véritable inflexion. Face au RN, l’injonction morale ou l’appel au "front républicain" ne suffisent plus. Place à la politique du concret, au plus près de la vie des gens. C’était manifeste avec la feuille de route détaillée par Élisabeth Borne : s’attaquer à l’engorgement des urgences à l’hôpital, au manque de profs remplaçants à l’école ou encore à la multiplication des arnaques en ligne, c’est ainsi, en rendant la politique "utile", en montrant que les décisions peuvent avoir un impact sur le quotidien, que l’exécutif veut enrayer la tentation lepéniste.
Verbe modeste et action efficace : une recette qui n’est pas non plus toute neuve. En 1988, déjà, après la première percée de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle, Michel Rocard s’était engagé, dans son discours de politique générale, à "réparer les ascenseurs et repeindre les boîtes aux lettres et les cages d’escalier" pour faire reculer le vote FN.
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