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Édito
Médine aux Universités d'été d'EELV et LFI : le plus simple aurait été de ne pas l'inviter

Accusé d'antisémitisme après un tweet à destination de Rachel Khan, le rappeur aussi connu par le passé pour avoir fait des quenelles continue de diviser les écologistes. Et de faire perdre à la gauche sa boussole. L'édito politique d'Agathe Lambret.
Article rédigé par franceinfo - Agathe Lambret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le rappeur Médine en concert à Toul, en Lorraine, le 2 juin 2023. (CEDRIC JACQUOT / MAXPPP)

La polémique liée à l’invitation de Médine aux universités d’été des Verts continue. Dernier épisode lundi 21 août : les maires de Bordeaux et de Strasbourg, PIerre Hurmic et Jeanne Barseghian, ont annulé hier leur participation à cette rentrée.

>> Universités d'été d'EELV et LFI : pourquoi le rappeur Médine divise la classe politique

Le calvaire continue donc pour EELV. Après les critiques en interne et les tentatives de justifications confuses de la patronne des écologistes, voilà les défections. Les Verts pensaient pourtant faire un joli coup à l’origine.

Début août, ils se félicitaient de la venue d’un artiste engagé dans des combats communs : réforme des retraites, violences policières et lutte contre l'extrême droite. "Il a évolué sur les questions des personnes LGBT, il a même défendu leurs droits !", se félicitait Sandrine Rousseau pour justifier son invitation.

Une tribune offerte difficilement compréhensible

Les Verts ont choisi d’ignorer les textes de Médine, ses quenelles, ses amitiés sulfureuses, ses propos contre la laïcité, et aujourd’hui ils font mine de découvrir à qui ils ont affaire après un tweet antisémite du rappeur. Il y a quelques jours, il qualifiait l’essayiste Rachel Kahn, juive et petite-fille de déporté, de "resKHANpée", avant de s'excuser. "La formule pas adaptée, qui a certainement dû heurter des personnes et je m'en excuse, n'était pas dirigée vers sa famille, ni vers les victimes du drame de la Shoah", a-t-il posté sur Twitter. 

Mais le plus simple aurait été de ne pas l'inviter. Quand on fait de la politique, on choisit ses combats, ses valeurs, ses modèles, et on les assume. Sachant qu’il y a d’autres artistes, et notamment des rappeurs, moins controversés, ou qui prônent sans détours les valeurs républicaines auxquelles sont censés être attachés les écologistes, donner cette tribune à Médine et en faire une référence est difficilement compréhensible. Venant en plus d’une gauche si prompte à donner des leçons, qui se revendique à la pointe des combats contre les discriminations, c'est une drôle d'indulgence. Comme si le parcours du rappeur, issu de la diversité et d’un quartier populaire, l’absolvait de toutes ses erreurs. Il en a lui même d’ailleurs reconnu.

Chez les Insoumis, une invitation qui fait moins de remous

C'est en fait l’histoire d’un piège qui se referme sur ceux qui l’ont initié. Les Insoumis aussi ont invité Médine aux AmFIs, leurs universités d'été, mais cela suscite moins de débats. Personne ne bouge chez les troupes de Jean-Luc Mélenchon, mais ils n’ont pas de quoi s’en réjouir non plus, car cette affaire creuse un peu plus le fossé qui sépare les Insoumis des autres formations de la Nupes.

Plus que jamais, l'alliance de gauche est au bord du point de rupture. Les Insoumis ont sans doute fait le même raisonnement que les verts, et se disent que mettre Médine à l’honneur les rapprochera un peu plus des quartiers. Ni remise en cause, ni mea culpa pour eux, donc, mais le symbole de plus d’une gauche qui a perdu sa boussole et qui ne sait plus comment parler aux classes populaires. À se demander si elle le veut vraiment.

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