Édito
Motion de censure du gouvernement Bayrou : le Parti socialiste à l'heure d'un choix identitaire !

Les députés socialistes vont-ils voter la motion de censure présentée par LFI ? La question divise un parti qui peut ou non s'affranchir de la tutelle de la France insoumise.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les députés socialistes à l'Assemblée nationale lors du discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou, le 14 janvier 2025. (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

La motion de censure déposée par les insoumis sera soumise au vote de l’Assemblée jeudi 16 janvier. Et le suspense demeure quant au choix des députés socialistes. Le groupe PS, très divisé, se réunira encore une fois à la mi-journée pour tenter d’aboutir à une position commune, ce qui n’est pas acquis. Son humeur oscille au gré des propos de François Bayrou. Mardi, sa déclaration de politique générale a eu un effet déceptif. Mais mercredi, le Premier ministre a fait de nouvelles concessions. Il est prêt à renoncer à la suppression de 4000 postes d’enseignants prévue dans le budget Barnier. Et il n’exclut pas de soumettre au Parlement un nouveau texte sur les retraites, même sans accord global entre partenaires sociaux. De toute façon, le vote des 66 députés PS ne devrait pas suffire pas à faire chuter le gouvernement, puisque le RN ne devrait pas approuver la motion de censure. 
 
 Le choix des socialistes n’a aujourd'hui pas une grande importance pour François Bayrou, mais pour le PS, il est décisif. Sur le plan stratégique d’abord, les socialistes vont-ils se ranger penauds derrière les insoumis et revenir à la maison du NFP sous les quolibets de Jean-Luc Mélenchon ? Ou vont-ils s’affranchir de la tutelle de LFI au risque d’être accusés de trahison par le reste de la gauche ? Leur souci, c’est que les écologistes et les communistes, qu’ils avaient embarqués dans les négociations, les ont lâchés et vont voter la motion de censure. Mais après tout, il y a longtemps que Jean-Luc Mélenchon leur fait un procès en forfaiture. 

Le risque de blocage 

Plusieurs députés PS disent mesurer en ce moment dans leurs circonscriptions que leurs électeurs aspirent à un peu de stabilité, plutôt qu’au chaos politique et budgétaire. C’est pourquoi le choix du PS n’est pas de simple opportunité, c’est un choix identitaire.

Le PS se veut un parti de gouvernement. Et Olivier Faure répète qu’il négocie pour "obtenir des avancées concrètes au service des Français". Une démarche qui relève de ce qu’on appelle le réformisme social-démocrate. Les socialistes peuvent-ils de nouveau changer de pied et tenter de faire chuter un deuxième gouvernement en deux mois sans être en mesure d’incarner une alternative ? Et sans qu’Emmanuel Macron puisse dissoudre l’Assemblée pour rebattre les cartes. En clair, ajouter du désordre au blocage d’un pays sans budget. L’option est politiquement dangereuse au moment où les partenaires sociaux se disent prêts à engager une nouvelle négociation sur les retraites. Pour le PS, l’heure du choix a sonné : Va-t-il tourner le dos aux insoumis ou à la CFDT ?

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