Édito
Pendant les Jeux olympiques, la politique continue

Contrairement à ce que prétendent certains, les Jeux de Paris 2024 qui s’achèvent demain n’auront pas suspendu la politique. On en a vu plusieurs manifestations pendant la quinzaine olympique.
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le président de la République Emmanuel Macron félicite Antoine Dupont au Stade de France le 27 juillet 2024, après la médaille d'or remportée par l'équipe de France de rugby à 7 (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

Vendredi 9 août place de la Concorde, la première soirée de breaking de l'histoire olympique a été marquée par l'Afghane Manisha Talash, qui a fui le régime taliban. Elle concourt dans l'équipe des réfugiés, et a sorti une cape bleue à la fin de son mouvement avec inscrit au dos : "Free Afghan women". Lors de la cérémonie d'ouverture, la délégation algérienne a jeté des fleurs dans la Seine à l'endroit exact où des manifestants algériens avaient trouvé la mort, noyés en 1961 après une manifestation. il y aussi eu des gestes de rapprochements durant ces Jeux, comme le selfie des pongistes nord-coréens et sud-coréens sur le podium...
 
La politique s'est aussi invitée dans les gradins, avec des drapeaux taïwanais brandis lors de la demi-finale de badminton qui opposait les Chinois à l'équipe de Taïwan. Ce drapeau est en principe interdit par le CIO, avec celui des Russes et des Biélorusses, Taïwan étant chinoise aux yeux des Nations Unies. Les supporters taiwanais signalent des dizaines d'incidents avec des Chinois justement, ou avec la sécurité qui applique les consignes et confisque les sacs qui portaient un symbole de Taïwan, alors que la Palestine par exemple a une délégation.

Une cérémonie d'ouverture très politique

L'image réjouissante mais éminemment politique d'une France ouverte, diverse, créative et inclusive a visiblement sonné juste aux oreilles de 96% des Français qui l'approuvent. Elle en a choqué d'autres, de Marion Maréchal à Philippe de Villiers en passant par l'Eglise catholique. Elle a choqué à l'étranger aussi : en Chine, dans certains pays africains... Le message envoyé d'entrée de jeu par cette France-là a-t-il encouragé ces manifestations diverses des athlètes ? On peut se poser la question.

En réalité, même la politique nationale est partout durant ces Jeux de Paris. Elle est dans la réaction assez violente d'Anne Hidalgo, il y a deux jours : la maire de Paris, très critiquée en amont de ces Jeux et qui savoure dans le journal Le Monde en lâchant un "Fuck les réacs" vengeur.
 
L'Elysée a beau expliquer que le président Macron a tout fait pour trouver la juste place, et ne pas être trop visible durant ces Jeux, il sait lui aussi à quel point l'engouement compte dans le contexte post-dissolution, de même qu'un échec aurait pesé sur la suite. Il faut citer ce commentaire amusé d'un de ses conseillers au bout de trois jours de JO : "S'il avait attendu la fin des Jeux pour dissoudre, le résultat n'aurait peut-être pas été le même..." "Il ne faut pas politiser le sport", avait dit Emmanuel Macron au moment de la Coupe du monde 2022 lorsqu'on l'interrogeait sur l'opportunité de sa présence au Qatar. Preuve est faite une fois de plus que le sport est politique et le sera toujours. 

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