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Édito
Présidence des Républicains : pourquoi tant de ressentiment envers Nicolas Sarkozy ?

Engagés dans la campagne du deuxième tour du congrès LR, dont le vote aura lieu ce week-end, le sénateur Bruno Retailleau et le député Eric Ciotti appellent tous les deux la droite à tourner la page Sarkozy… L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les trois candidats à la présidence du parti Les Républicains, de gauche à droite : Eric Ciotti, Bruno Retailleau, Aurélien Pradié. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

A droite, le nom de l’ancien président de la République fut longtemps vénéré, c’était comme un talisman gage de victoire. C’est devenu un sparadrap, synonyme de trahison ! Un sparadrap que les deux finalistes essayent de se refiler. Le plus virulent, c’est le chef de file des sénateurs LR, Bruno Retailleau. Dans une interview au Parisien-Aujourd’hui en France, il accuse carrément Nicolas Sarkozy de mener une "campagne de déstabilisation" pour "disloquer et détruire la droite française"… Rien que ça ! Vous connaissez la chanson : les histoires d’amour finissent mal… en général !

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Alors, pourquoi tant de ressentiment ? A la présidentielle, on s’en souvient, Nicolas Sarkozy a voté Emmanuel Macron et depuis, il exhorte le Président réélu et la droite à s’entendre, à conclure une alliance, un accord de gouvernement « dans l’intérêt du pays » dit-il. Il l’a encore répété ce week-end. Pas question pour les deux finalistes du congrès LR. Longtemps étiqueté sarkozyste, Eric Ciotti répète qu’il est désormais en désaccord avec son ancien mentor.

Les LR sont-ils en train de s'essouffler ?

Quant à Bruno Retailleau, ancien fidèle de François Fillon, il promet que s’il devient président de LR, il soumettra la question d’une alliance avec la majorité à un référendum interne auprès des militants. Sauf que la réponse est déjà connue : ce sera non.

Bruno Retailleau ne prend pas grand risque. Depuis dix ans, au fil de ses défaites successives, la droite a subi une véritable hémorragie militante. Ceux qui étaient tentés par Emmanuel Macron l’ont déjà rejoint dans le sillage de Gérald Darmanin, Edouard Philippe, Bruno Le Maire et de bien d’autres élus de droite. Ceux qui sont restés à LR sont viscéralement hostiles à un rapprochement avec la majorité. Répéter sur tous les tons que l’adversaire principal est le chef de l’Etat, c’est donc aussi pour les candidats LR un moyen de draguer des militants beaucoup plus anti-macronistes qu’anti-lepénistes. Le problème, c’est que, comme l’a compris Nicolas Sarkozy, les sympathisants de droite, eux, verraient d’un œil plus favorable la conclusion d’un accord de gouvernement. A force de vouloir satisfaire un noyau militant radicalisé au détriment d’électeurs plus modérés, les dirigeants LR risquent de s’affaiblir un peu plus vite encore dans les urnes.

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