Édito
Rassemblement national : après chaque scrutin, local ou national, Marine Le Pen annonce un grand ménage

Le RN annonce, en cette rentrée de septembre qu'il se réorganise pour se professionnaliser et qu'il va écarter ses cadres infréquentables. Ce n'est pas la première fois que le parti d'extrême droite fait une annonce comme celle-ci.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Marine Le Pen, leader du Rassemblement National (RN), arrive à la réunion organisée par le président français avec les dirigeants des groupes parlementaires à l'Elysée à Paris, le 26 août 2024. (TERESA SUAREZ / EPA)

Marine Le Pen veut, en ce mois de septembre, tirer les leçons de l’échec du RN aux législatives et réorganiser le parti. Appelons ça les bonnes résolutions de rentrée ! C’est l’heure du grand ménage d’automne. La direction du RN a convoqué plusieurs dizaines de candidats qui s’étaient fait remarquer pendant la campagne électorale par des propos racistes, antisémites ou encore homophobes ou par une incompétence de niveau olympique. Toutes ces "brebis galeuses" comme les appelle Jordan Bardella, devraient être poussées vers la sortie. Ça sent la purge… Cette fois, fini les dérapages et les profils sulfureux ! Marine Le Pen veut présenter des candidats impeccables, aux CV sans tâche, en cas de nouvelle dissolution en 2025.  Peut-on la croire ? Pas sûr. Édito.
 
Marine Le Pen nous a déjà fait le coup. Quand Emmanuel Macron a annoncé la dissolution, le RN assurait être prêt à exercer le pouvoir. Il avait un "plan Matignon" tout ficelé sous le coude. C’était bidon. Le plan en questions se résumait à une liste de candidats pour beaucoup infréquentables et son auteur, le directeur général du parti, Gilles Pennelle a démissionné dans la foulée de la débâcle du second tour. Cette fois encore, comme à chaque ripolinage, Marine Le Pen commence par changer de directeur de cabinet. Elle se réjouit du recrutement d’un jeune énarque, un gage de crédibilité paraît-il. Sauf qu’elle a toujours eu des énarques à ses côtés, Christophe Bay en 2022, Florian Philippot avant lui.

La place des énarques

Marine Le Pen vomit la technocratie, mais elle a une passion pour les énarques, qu’elle brandit comme des trophées. Comme son père avant elle. Il y en avait déjà, comme Jean-Yves Le Gallou ou Yvan Blot, du temps du FN de Jean-Marie Le Pen, sans que cela n’enlève rien à l’amateurisme du parti.

Le RN peine à se professionnaliser, sans doute parce que la vraie nature du parti n’a pas changé. Ceux qui le rejoignent ne s’y trompent pas. Marine Le Pen a beau récuser l’étiquette d’extrême droite, ce sont bien d’abord des militants d’extrême droite qui se présentent sous les couleurs du RN aux élections. Après chaque scrutin, local ou national, en 2015 comme en 2017, en 2022  comme en 2024, Marine Le Pen annonce un grand ménage. Et à chaque fois les candidats racistes ou antisémites repoussent comme des champignons après la pluie. À croire qu’eux savent qu’il y a les mots, certes, la communication, mais que derrière cette façade, comme disait Alain Delon dans le Guépard de Visconti : "Il faut que tout change pour que rien ne change… "

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