Édito
Recherche d'un nouveau Premier ministre : comment le Rassemblement national pèse sur la nomination du chef du gouvernement ?

Emmanuel Macron doit toujours annoncer le nom du prochain Premier ministre. Un véritable casse-tête en raison de la crainte de devoir d'emblée faire face à une motion de censure soutenue par le RN et le Nouveau Front populaire.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les dirigeants du Rassemblement national (RN), Marine le Pen (à gauche) et Jordan Bardella, à l'Elysée à Paris, le 26 août 2024. (TERESA SUAREZ / MAXPPP)

Toujours pas de Premier ministre nommé à Matignon, jeudi 5 septembre au matin, et l’influence du Rassemblement national sur ce choix semble devenue déterminante. Emmanuel Macron a même dû prendre son téléphone mardi soir pour soumettre à Marine Le Pen les noms de Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand. La cheffe de file de l’extrême droite lui a indiqué que ses députés censureraient l’un comme l’autre au motif que ce sont des adversaires du Rassemblement national. Sévèrement battu au second tour des législatives, écarté de tous les postes à responsabilité au sein de l’Assemblée nationale, le RN est donc redevenu central. Marine Le Pen savoure sa revanche. Elle se délecte de ce nouveau pouvoir de vie ou de mort politique sur le destin des prétendants à Matignon que lui octroie le poids de son groupe parlementaire. 

Le rapport de force


Le RN a réussi à retrouver ce rôle décisif grâce à l’inconséquence de ses adversaires. Pourquoi le parti lepéniste a-t-il été vaincu aux législatives, puis marginalisé à l’Assemblée ? Parce que le Nouveau Front populaire, les macronistes et LR s’étaient entendus pour bâtir un front républicain qui a d’abord battu le RN dans les urnes, avant d’isoler ses représentants au Palais-Bourbon. Dès lors que la gauche, le bloc central et la droite sont incapables de transposer ce front républicain en majorité parlementaire, et donc en gouvernement, les 126 députés lepénistes, et leurs 17 supplétifs ciottistes redeviennent incontournables. Associés aux 193 élus du Nouveau Front populaire, ils peuvent censurer tout Premier ministre issu de la droite. Un rapport de force qui a fait monter mercredi la cote du maire LR de Cannes et président de l’AMF, David Lisnard. Ferme sur les sujets régaliens, en bons termes avec son voisin niçois Éric Ciotti, hostile au RN mais sans contentieux personnel avec Marine Le Pen, il est peut-être l’un des rares politiques susceptibles d’échapper à la censure du RN. En tout cas, temporairement.
 
Tant que les autres forces politiques seront incapables de s’entendre, les députés lepénistes auront tout loisir de faire chuter le gouvernement quand ils le souhaiteront. Par exemple, en juin prochain dans l’espoir d’une nouvelle dissolution. Ce pouvoir de nuisance n’est toutefois pas sans risques pour Marine Le Pen elle-même. Si le RN en abusait, en censurant plusieurs Premier ministre, les électeurs pourraient finir par croire que le parti d’extrême droite cherche d’abord à faire perdurer le chaos.

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