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Édito
Réforme des retraites : avant la journée de mobilisation, la crainte du risque de radicalisation et de la violence
De l'électricité dans l'air autour de la réforme des retraites. Signe de cette tension, la menace proférée lundi par la fédération CGT de l’énergie en direction des députés de la majorité. "On va aller voir ceux qui veulent la réforme et on va s’occuper d’eux", a expliqué le secrétaire général du syndicat qui a ajouté : "Si d’aventure, ils ne comprennent pas le monde du travail, on les ciblera avec des coupures" d’électricité. Le syndicat dit ne pas vouloir "se mettre à dos les usagers", il choisit donc de viser des élus qui auraient le tort de soutenir la réforme des retraites. Alors, bien sûr, la CGT réfute toute forme de violence. Mais, enfin, ce type de pressions pose quand même question.
>> Retraites : la CGT énergie menace de couper l'électricité à des élus qui soutiennent la réforme
Manifester pacifiquement
Car un député est un élu de la Nation. Lorsqu’il vote pour ou contre un texte, il est supposé le faire en fonction de l’idée qu’il se fait de l’intérêt général et non pas pour se faire plaisir ou servir ses intérêts particuliers. Il y a de bonnes raisons d’être hostile à la réforme des retraites, ce combat est tout-à-fait légitime, mais c’est un combat syndical et politique, pas un règlement de comptes personnel. D’ailleurs, "si la colère est majeure dans la rue, on n’aura pas besoin de faire ce type d’actions", prévient-on du côté de la CGT-énergies. En fait, cette menace illustre ce risque de radicalisation à la base que redoutent le gouvernement comme les confédérations. Et c’est pourquoi, lundi sur franceinfo, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a tellement insisté sur la nécessite de manifester pacifiquement.
Car ce n’est plus forcément le cas, notamment depuis la loi Travail en 2016, sous François Hollande, la violence gangrène les manifestations. A l’initiative des black-blocks, elle est devenue rituelle. Les "gilets jaunes" ont franchi un stade supplémentaire avec des permanences et même un ministère attaqué. Et des élus menacés. Ce fut de nouveau le cas lors du vote du pass vaccinal. Et dans les cortèges, les responsables syndicaux sont eux-mêmes victimes de cette violence. Raison de plus pour qu’ils n’alimentent pas ce climat de tension en désignant nommément à la vindicte tel ou tel élu. Leur rôle, c’est de mobiliser contre une réforme ou contre une politique gouvernementale qu’ils désapprouvent, pas de punir des individus, même députés.
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