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Édito
Réforme des retraites : entre discorde et flou total, les députés LR n’ont plus de cohérence idéologique
La droite n’en finit pas de se déchirer. Pour, contre, ni pour ni contre... Les députés les Républicains sont incapables de dégager une position commune. Le président du parti, Éric Ciotti, a tapé du poing sur la table mardi et dénoncé les attitudes contraires à l’unité et au rassemblement de notre famille politique. Mais rien n’y fait.
Une preuve de plus qu’en politique, pas besoin d’être une grande famille pour s’offrir des frondeurs. LR, c’est désormais un petit parti avec moins de 5 % des voix à la présidentielle, seulement 62 députés, et quasiment 50 nuances de gris, de gris-bleu évidemment, à propos des retraites. Eric Ciotti et le patron du groupe des députés, Olivier Marleix, avaient à peine topé avec Elisabeth Borne qu’ils ont aussitôt été désavoués par une partie de leurs troupes.
"Fuite en avant démagogique"
Elisabeth Borne leur a pourtant fait de concessions. Et la dernière en date, c’est l’extension du dispositif carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans. Sauf que le député LR du Lot, Aurélien Pradié exige que la majorité reprenne à la virgule près son amendement qui stipule qu’un seul trimestre cotisé avant 21 ans permettrait de partir en retraite au bout de 43 annuités. L’exécutif, lui, s’étrangle en répétant que ça coûterait 10 milliards d’euros ! Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, s’insurge d’une "fuite en avant démagogique", mais Aurélien Pradié engrange des soutiens pour la simple raison que la droite ne sait plus où elle habite.
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63 ans, 64 ans pour les sénateurs LR, 65 comme le proposait leur candidate à l’Elysée, Valérie Pécresse, il y a en a pour tous les goûts. Sur le fond, les Républicains n’ont plus de cohérence idéologique. Et sur le plan tactique, ils n’ont plus le choix qu’entre deux mauvaises solutions : voler au secours du gouvernement, ou voter contre une réforme qu’ils proposaient il y a peu pour contraindre Elisabeth Borne à dégainer le 49-3. Le sort de la réforme peut donc dépendre d’une poignée de députés de droite, légitimes, mais assez peu représentatifs de l’état global de l’opinion.
Ce n’est pas forcément un signe de bonne santé démocratique, quand dans le même temps, les syndicats unis qui ont mobilisé à plusieurs reprises des cortèges de plus d’un million de personnes semblent prêcher dans le désert.
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