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Édito
Réforme des retraites : pourquoi le gouvernement veut-il tenter d'en faire un débat sur la valeur travail ?

A la veille de la deuxième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le gouvernement est toujours sur la défensive…L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des demandeurs d'emplois dans l'agence Pôle Emploi de Gap (Hautes-Alpes), le 14 mars 2022. (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

Depuis la présentation du texte, qui arrive ce lundi 30 janvier en commission à l’Assemblée, l’exécutif subit. Il se heurte à un front syndical uni et une opinion massivement hostile, selon les sondages. Et il se voit contraint de déminer une à une les polémiques, la dernière en date portant sur le sort des femmes. Pour reprendre l’initiative, le gouvernement veut essayer de déplacer le débat du terrain, difficile pour lui, des retraites à celui, plus porteur, du travail.

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Et pour cause : il se targue de bons résultats sur l’emploi. La baisse du nombre de chômeurs continue et le taux de chômage est au plus bas depuis 12 ans. L’exécutif veut donc reprendre son discours en faveur de "l’effort", du "mérite" et exalter la "valeur travail". Un argumentaire qui vise aussi à tenter de diviser les gauches.

"La gauche des allocs" et la "gauche du travail" 

Gérald Darmanin s’y est essayé dimanche dans le journal Le Parisien-Aujourd’hui en France. Et sans prendre de gants. "Le travail n’est pas une maladie", a balancé le ministre en fustigeant ceux qui "défendent le droit à la paresse comme Madame Rousseau et Monsieur Mélenchon", adeptes d’une "idée gauchiste, bobo, d’une société sans travail, sans effort". Gérald Darmanin tente d’appuyer là où ça peut faire mal à gauche : on se souvient à la fin de l’été de la polémique entre "la gauche des allocs" façon Sandrine Rousseau, et la "gauche du travail" que prétend incarner le patron du PCF, Fabien Roussel. 

La tactique du gouvernement peut marcher, même si cela semble compliqué. D’abord parce que dans les sondages, les catégories les plus hostiles à la réforme des retraites, ce sont précisément les actifs, en particulier les plus modestes, la "France qui se lève tôt et travaille dur" pour reprendre l’expression de Nicolas Sarkozy. Et c’est seulement dans une frange d’inactifs, les retraités, que le projet de loi trouve grâce. Ensuite parce que contrairement à certains partis de gauche, les syndicats, eux, n’ont pas délaissé pas la valeur travail, qu’ils veulent voir justement récompensée.

Et enfin, parce que le rapport au travail lui-même change. Et de nombreuses études, comme le phénomène dit de la "grande démission", montrent que contrairement à leurs aînés, les plus jeunes générations n’en font plus une priorité.

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