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Édito
Sommet de l'Otan en Lituanie : le numéro d'équilibriste d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron s'est retrouvé en pointe du soutien de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN en marge du sommet de Vilnius. Et c'est un revirement dans la politique étrangère de la France. L'édito politique d'Agathe Lambret.
Article rédigé par franceinfo, Agathe Lambret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emmanuel Macron avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, avant une réunion en marge du sommet de l'Otan, à Vilnius, le 12 juillet 2023 (LUDOVIC MARIN / AFP)

Changement de ton lors de ce sommet de l'OTAN qui a débuté mardi 11 juillet à Vilnius en Lituanie.  Il y a moins d'un an encore, Emmanuel Macron écartait fermement l'option de l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, qui "serait perçue par la Russie comme quelque chose de confrontationnel", expliquait-il dans Le Monde

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Cette position, c'était celle de la France depuis 2008, et le fait que l'Ukraine soit frappée par la guerre ne faisait que conforter l'idée de la tenir éloignée de l'OTAN. L'article 5 du traité aurait entraîné l'implication des pays membres dans le conflit. Mais cela, c'était avant. S'il n'est pas question aujourd'hui que l'Ukraine en guerre intègre l'alliance, cette perspective est un levier pour faire pression sur Valdimir Poutine. Près d'un an et demi après le début de l'invasion russe, le ton a changé, et c'est loin d'être le seul revirement du président.

Il n'est désormais plus question de ménager Vladimir Poutine. Terminées les conversations téléphoniques régulières avec le président russe, oubliés les appels à ne pas humilier la Russie, ou à lui offrir des garanties de sécurité. Remisés, aussi, les mots à minima maladroits, quand après le massacre de Boutcha, le président avait parlé de "peuples frères" en réponse à Joe Biden, qui lui, pointait un génocide.

L'échec de la tentative de médiation avec Moscou

Le tournant est amorcé en février à Munich, confirmé en mai au sommet de Bratislava. Emmanuel Macron évoque désormais clairement une "défaite" de la Russie, et ouvre la porte de l'OTAN à l'Ukraine. Mardi 11 juillet, la France a franchi un nouveau cap avec la livraison de missiles longue portée à Kiev, des armes offensives capables d'atteindre le sol russe, une ligne que le pays n'avait jamais franchi directement jusqu'à présent.

Ces changements de ton et de positions d'Emmanuel Macron s'expliquent tout d'abord par le constat de l'échec de la tentative de médiation avec Moscou. Comme entre la Chine et les États-Unis, le président voulait incarner une puissance d'équilibre entre l'Ukraine et la Russie. Cela n'a ni fonctionné, ni été compris. Emmanuel Macron a constaté que son image risquait d'être écornée, "il fallait redorer son blason dans l'opinion, dans les pays de l'Est, et ne pas se laisser dépasser par l'Allemagne", observe un conseiller du Quai d'Orsay. L'Allemagne, frileuse au départ, s'est vite imposée comme l'un des principaux soutiens à l'Ukraine après les États-Unis. Pour un président qui se verrait bien leader du monde libre, il fallait corriger le tir et choisir clairement son camp. Cette offensive semble fonctionner : "Il a changé, et pour de vrai cette fois", juge le président ukrainien Volodymyr Zelenski.

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