Édito
Élections européennes : quelles conséquences pour Gabriel Attal en cas de défaite de la liste Renaissance ?

Si Jordan Bardella et le RN semblent assurés de terminer en tête dimanche lors du scrutin, l'enjeu pour la majorité est de connaître l'ampleur de la défaite. Comment gouverner et réformer profondément, sans majorité à l’Assemblée, face à des oppositions ragaillardies par le résultat des européennes ?
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre Gabriel Attal  lors du dernier rassemblement électoral du groupe français Renew (Renaissance), à Aubervilliers, dans la banlieue nord-est de Paris, le premier juin 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

À six jours des élections européennes, le Premier ministre met les bouchées doubles pour essayer de mobiliser la base électorale macroniste et tenter de limiter la casse. Invité de franceinfo lundi 3 juin, Gabriel Attal était, par exemple, en meeting samedi aux côtés de sa candidate Valérie Hayer et il a répété sur tous les tons que "rien n’est joué". C’est normal, mais c’est assez faux puisque la pole position semble assurée pour Jordan Bardella. Le parti d’extrême droite arrivera en tête dimanche, comme en 2019 et en 2014 d’ailleurs. 

L’enjeu pour la majorité, c’est de savoir si elle subira une simple défaite, si Valérie Hayer réduit un peu l’écart ; une vraie raclée, celle qu’annoncent  les derniers sondages où elle ne recueille que la moitié du score de son adversaire du RN (environ 16 % contre 32 %). Voire une franche humiliation au cas où le socialiste Raphaël Glucksmann la reléguerait à la troisième place.

La question de la marge de manœuvre politique 

Une nette défaite ne se traduirait pas forcément par un départ anticipé de Matignon. Cela ne s’est jamais produit par le passé. Plusieurs Premiers ministres, comme Jean-Pierre Raffarin en 2004 ou Manuel Valls en 2014, ont subi des échecs sévères aux européennes sans être remplacés. Dans la majorité, personne n’envisage un grand chamboulement avant les Jeux Olympiques. C’est après, à l’automne, que commenceront les grandes manœuvres dans la perspective de la présidentielle de 2027. Mais pour le Premier ministre, la conséquence immédiate d’une lourde défaite, ce serait plutôt de voir sa marge de manœuvre politique se réduire encore. Il risque de se retrouver un peu plus dans la main d’une droite susceptible de le faire tomber en présentant une motion de censure, peut-être lors du budget, à l’automne. Comment continuer de gouverner durablement et de réformer profondément, sans majorité à l’Assemblée et face à des oppositions ragaillardies par le résultat des européennes ?
     

Un problème d'autant plus complexe à résoudre, surtout si l'extrême droite triomphe dimanche et campe aux portes du pouvoir. Lors de la nomination de Gabriel Attal à Matignon, en janvier, beaucoup dans la majorité se félicitaient d’avoir trouvé l’arme anti-Bardella. Si le RN dépasse 30% des voix, l’arme en question ressemblera plutôt à un pistolet à bouchon. De quoi attiser les doutes au sein de la majorité. D’autant que la cote de popularité du Premier ministre demeure, pour l’heure, très élevée sans que son camp n’en tire le moindre profit dans les urnes.

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