Fillon vs Jouyet : affaires de preuves
Le PS le souhaite, et Jean-Pierre Jouyet a retrouvé sa discrétion traditionnelle. Il ne veux pas parler aux journalistes. Il s’est remis au travail. Il s’est replongé dans les nombreux dossiers que doit gérer un secrétaire général de l’Élysée. Le secrétaire général, c’est la vigie de l’Élysée, celui par lequel transite toutes les demandes et autres sollicitations envers le président.
Il juge de ce qui doit, ou non, remonter jusqu’au chef de l'Etat. Il est chargé de déblayer le terrain autour de François Hollande. Il n’est pas vraiment décisionnaire, même si ses conseils sont très écoutés par son camarade de promo à l’ENA. Certains socialistes soupçonnent d’ailleurs Jean-Pierre Jouyet de nourrir à l’excès les penchants sociaux démocrates de François Hollande. C’est donc un problème de le voir embarqué dans une telle affaire. Peut-il pour autant animer un cabinet noir ?
Le phantasme du cabinet noir
Le secrétaire général de l’Élysée, grand maître d’une équipe secrète chargée d’organiser de basses manœuvres, le soupçon n’est pas neuf. Il pesait sur Dominique de Villepin, secrétaire général de l’Élysée de Jacques Chirac, soupçonné de manœuvrer contre Lionel Jospin et Nicolas Sarkozy (dans l’affaire Clearstream). Rumeurs également autour de Claude Guéant, au même poste durant la présidence Nicolas Sarkozy.
L’accusation portée par la droite contre Jean-Pierre Jouyet relève donc de pratiques supposées ou fantasmées à chaque mandat présidentiel. La particularité du quinquennat de François Hollande, c’est qu’il met un point d’honneur à ne pas se mêler des affaires de justice. Jean-Pierre Jouyet le souligne d’ailleurs dans les propos que rapportent les journalistes du Monde.
Gage de loyauté
Cabinet noir ou pas, le secrétaire général de l’Élysée s’est contredit, et a menti, selon François Fillon. A son poste, c’est un problème. C’est indéniable. Jean-Pierre Jouyet a contesté les guillemets sur les propos de François Fillon, avant d’en confirmer la teneur générale.
Hier, François Fillon semblait hésiter sur l’interprétation de cette contradiction. D’un côté, il retenait que Jean-Pierre Jouyet ne confirmait pas ses propos sur la demande de pression sur la justice, et penchait pour une manipulation journalistique. De l’autre, il l’accusait de mentir sur l’évocation des pénalités de l’UMP, et dénonçait un scandale d’Etat.
Aujourd'hui, François Fillon penche pour le scandale d’Etat, comme tous les amis de Nicolas Sarkozy, et toute l’UMP avec lui. François Fillon réclame les preuves démontrant qu’il aurait trahi Nicolas Sarkozy, et tenté de lancer la justice à ses trousses. Ce faisant, l’ancien Premier ministre UMP donne une autre preuve : celle de sa solidarité et de sa loyauté envers Nicolas Sarkozy. Ce dont certains UMP avaient pu douter ces dernières années.
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