Frondeurs, la stratégie des rongeurs
La maire de Lille n’avait pas donné de consigne de vote, mais son intervention ressemblait à un gros feu vert. Même si elle refuse de prendre la tête des frondeurs, même si elle ne veut pas apparaître comme un recours, Martine Aubry est au moins considérée comme une chef de file.
Elle fut l’un des piliers du gouvernement Jospin, ancienne première secrétaire, et ancienne candidate à l’investiture présidentielle. Le positionnement de Martine Aubry n’est donc jamais anodin. Avant-hier elle était silencieuse, hier elle a parlé pour sous-entendre fortement que faute de suivre ses conseils, le gouvernement Valls irait dans le mur.
Les frondeurs ne sont plus seuls
Aujourd'hui, les frondeurs se sentent soutenus, encouragés et épaulés par une grande carrure du PS. Ils sont presque aussi nombreux (39 ce mardi à ne pas avoir voté la partie recettes du budget 2015) que les 41 qui avaient refusé de voter le pacte de stabilité au printemps dernier, juste après l’arrivée de Manuel Valls à Matignon. Les frondeurs grignotent de plus en plus la majorité.
Mais la question est un peu la même que pour Martine Aubry, dans quel but ? Quel est leur objectif ? Leur démonstration rappelle celle des castors. Comme les castors, les frondeurs rongent l’arbre et le font tombe. Et l’arbre visé, visiblement, c’est Manuel Valls.
Un nouveau clivage gauche-droite au PS ?
Mais ils veulent surtout édifier leur propre construction, qui maîtrise le cours d’eau socialiste. Ils ne veulent pas être le bras gauche du fleuve socialiste, d’où le refus de Martine Aubry à prendre la tête de ce mouvement, et à se reconnaître dans ce terme. Martine Aubry ne se sent pas frondeuse. Elle n’est pas une composante de la majorité, mais une force capable d’incarner une majorité toute entière. La bataille des mots commence.
Martine Aubry et les frondeurs venus de son entourage ou de celui de Dominique Strauss-Khan ne veulent pas être relégués à la gauche d’un PS dont la ligne centrale serait celle du gouvernement Valls. A leurs yeux, le Premier ministre est aussi libéral que Tony Blair, et pour la première fois ces derniers temps, les défenseurs de la politique gouvernementale sont décrits comme des représentants de la droite du PS. Cette évolution sémantique traduit un clivage qui pourrait se formaliser lors des Etats généraux, mais surtout lors du prochain congrès.
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