Gérald Darmanin, un atout et un boulet politiques pour Emmanuel Macron
Contesté de toutes parts après les incidents survenus samedi soir au stade de France en marge de la finale de la Ligue des Champions de football, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin contre-attaque.
On le sait depuis Bonaparte, la meilleure défense c’est l’attaque ! Malgré le fiasco du dispositif de sécurité, samedi soir, Gérald Darmanin n’en démord pas : c’est la faute aux Anglais ! Et tant pis si cette tactique fâche Downing Street. Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur a d’abord assuré, lundi 30 mai, que ce type d’incidents ne survenait que lors de matchs de foot en présence de supporters anglais. Dès samedi soir, il les avait accusé d’avoir "violenté des stadiers" alors que la plupart des témoignages louent le flegme des Anglais malmenés. Surtout, Gérald Darmanin continue de dénoncer un "trafic massif" de 30 000 à 40 000 faux billets en papier qui serait à l’origine du désordre.
Tirs croisés
Jean-Luc Mélenchon dénonce la faillite de la stratégie de maintien de l’ordre et fustige de nouveau des brutalités policières. Marine Le Pen accuse le ministre de l’Intérieur de mentir et d’accabler les supporters britanniques pour mieux exonérer les forfaits de ceux que l’extrême droite appelle les "voyous de banlieue".
Le ministre de l’Intérieur est-il trop ferme ou trop laxiste ? Il a essayé de s’extirper, lundi, de cette position inconfortable. D’un côté en affirmant que la décision du préfet de relâcher des points de contrôle a permis d’éviter des morts. De l’autre, en reconnaissant des "faits de délinquance" mais en soulignant que 40 des 52 personnes interpellées pour vol ou agressions étaient Français.
Indispensable pour l'équilibre de la majorité
En ces temps de campagne législative que le chef de l’État voudrait la plus éteinte possible, il est un souci parce qu’il clive et peut inciter les opposants de gauche à se rendre aux urnes. Mais à la présidentielle, les urnes ont penché à droite. Or, Emmanuel Macron n’a pas réussi à décrocher de nouveau poids lourd venant de ce camp. Au contraire, avec les promotions d’Elisabeth Borne et de Pap Ndiaye et des engagements renouvelés sur l’environnement, il a semblé regarder davantage à gauche. Gérald Darmanin est donc plus indispensable que jamais pour rééquilibrer la majorité. La preuve, le chef de l’État l’a maintenu place Beauvau.
Il devrait toutefois se souvenir qui n’est pas jamais sain, ni pour l’exécutif ni pour le climat du débat public, de commencer à trop dépendre du ministre de l’Intérieur.
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