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Guerre en Ukraine : Jean-Luc Mélenchon se pose en héritier de la gauche pacifiste

L'invasion russe en Ukraine et les réponses à apporter révèlent des différences entre les candidats à gauche. Parmi eux, Jean-Luc Mélenchon se démarque avec un discours en faveur d’une France "non alignée". C'est l'édito politique de Renaud Dély.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Jean-Luc Mélenchon en meeting à Lyon, le 6 mars 2022. (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

La guerre en Ukraine scinde les candidats de gauche à la présidentielle 2022 en deux camps, les pacifistes d'un côté, les bellicistes de l’autre. Toute la gauche condamne l’agression de Vladimir Poutine, pas d’ambiguïté là-dessus. Mais c’est sur la réplique à apporter à l’attaque russe que les candidats s’opposent assez nettement. D’un côté, il y a ceux qui soutiennent sans réserve le peuple ukrainien dans les mots, mais aussi dans les actes. Et qui défendent les sanctions économiques prises à l’encontre de Moscou, comme les livraisons d’armes de l’Union européenne et de la France aux Ukrainiens. C’est la position d’Anne Hidalgo et de Yannick Jadot. Le candidat écologiste rompt ainsi avec la longue tradition pacifiste de son parti. Il emboîte le pas des Verts allemands, membres d’un gouvernement de coalition, celui d’Olaf Scholz, qui a annoncé un tournant de sa politique de défense. Il faut dire que Yannick Jadot a toujours été extrêmement ferme avec Vladimir Poutine qu’il qualifie depuis longtemps de "dictateur".

L'Otan, alliance "inutile" selon Mélenchon

Ce n’est pas le cas de Jean-Luc Mélenchon. Le candidat de La France insoumise a longtemps été ambigu et même complaisant avec le président russe. Ça c’est fini. Jean-Luc Mélenchon condamne l’agression de Poutine. Et il a trouvé un positionnement, répété dimanche lors de son grand meeting à Lyon : comme le communiste Fabien Roussel, Mélenchon veut être le "candidat de la paix". Le problème, c’est qu’on n’a pas bien compris comment il espère l’obtenir. Il réclame un cessez-le feu et une conférence sur la sécurité en Europe, mais il s’oppose aux sanctions économiques comme aux livraisons d’armes malgré les appels au secours des Ukrainiens et du président Zelensky.

Plus étonnant encore, Jean-Luc Mélenchon prône la sortie de la France de l’Otan, une alliance "inutile" dit-il. Ce n’est pas l’avis des pays de l’Est, ceux qui sont protégés par l’Otan comme la Pologne ou la Roumanie, et ceux qui ne le sont pas comme l’Ukraine. Alors, comment faire reculer Poutine sans sanctionner la Russie ? Mystère. 

Jean-Luc Mélenchon veut clairment se poser en héritier de la gauche pacifiste. D’où son discours en faveur d’une France "non alignée"… Chez les Insoumis, on ne cache qu’une immense figure historique inspire les élans pacifistes de Mélenchon : Jaurès bien sûr. Jean Jaurès qui s’est battu pour la paix jusqu’à son dernier souffle. Le problème, c’est que Jaurès a été assassiné alors que la Première guerre mondiale n’avait pas encore été déclarée. Et dès que le conflit a commencé, la SFIO, la CGT et toute la gauche ont rallié "l’Union sacrée" et défendu la guerre. En écartant les sanctions massives contre l’agresseur russe, Mélenchon fait mine d’oublier que la guerre a déjà commencé.

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