L'ancien présentateur du JT de 20H, Claude Sérillon, entre à l'Elysée
Tout d'abord, petit retour en arrière. Dans les années 80, Claude Sérillon présente le journal d'Antenne 2 (maintenant France 2). Il est viré en moins de 2 ans car en 1987, il a dû être remplacé parce qu'il avait été un peu trop direct avec le Préfet de Paris, interrogé après la mort de l'étudiant Malik Oussékine, lors de manifestations étudiantes.
Se faire virer est une habitude pour Claude Sérillon. Cela avait déjà été le cas en 1979. Il avait osé parler de l'affaire des diamants de Bokassa pour Valery Giscard d'Estaing
En 1998, il est revenu aux manettes du 20 heures. Mais une interview un peu ironique de Lionel Jospin lui vaudra d'être encore viré, 2 ans plus tard
C'est donc fini pour lui en tant que présentateur du 20 heures.
Depuis, Claude Sérillon a refait de la télé: Il était le dimanche dans les canapés rouge de Michel Drucker. S'il ressuscite une nouvelle fois, à l'âge de 62 ans, c'est parce que depuis 2010, il conseille François Hollande.
Il a participé dès le début à son équipe de campagne pour la primaire socialiste jusqu'à son accession à l'Elysée.
C'est lui qui a entrainé François Hollande avant son débat avec Nicolas Sarkozy entre les deux tours de l'élection présidentielle.
C'est donc un expert en communication politique qui fait son entrée à l'Elysée.
Mais qu'est-ce que Claude Sérillon peut apporter à François Hollande?
Déjà, un franc-parler. Dire la vérité au président de la République qui, c'est inévitable avec cette fonction, s'isole ou s'entoure de courtisans.
Claude Sérillon a son petit caractère. Il peut-être sec et cassant.
Dire ce qui ne va pas sans prendre de gants. Mais attention ! il ne deviendra pas le grand manitou de la communication ou le grand-chef au quotidien.
Il sera plus là pour corriger l'image de François Hollande ,faire en sorte qu'il n'y ait pas de décalage entre le message que veut faire passer le Président et le ressenti qu'en a l'opinion.
C'est un sacré travail car les enquêtes d'opinions ne sont pas bonnes.
François Hollande a du mal à convaincre, convaincre qu'il est vraiment au travail, qu'il décide. D'ailleurs, si vous avez regardé les vœux du chef de l'état, lundi soir; sachez que ces vœux ont été préparés avec l'aide de Claude Serillon qui était à l'Elysée pas plus tard que lundi. Et dans ces vœux, François Hollande a voulu montrer qu'il décidait. Qu'il était (pour reprendre une image qu'adorait son prédécesseur) le capitaine à la barre pendant la tempête.
Ces vœux ont été un succès d'audience : 11 millions de téléspectateurs. Mais pour l'instant, cela n'a pas fait bouger les enquêtes d'opinion.
Mais le problème de l'éxécutif, le problème de communication ne se réduit pas à François Hollande?
Non. Depuis 7 mois, c'est tout le gouvernement qui a remis au goût du jour le mot couac : couac à l'assemblée couac entre ministres, couac au conseil constitutionnel...
Au-delà de la chronique quotidienne des petites choses qui ne vont pas, le soucis, c'est qu'à la fin, cela manque de clarté. De la clarté, de vraies belles histoires comme savent les construire les spin doctors , en bon français. Ces conseillers de l'ombre qui manipulent les médias et l'opinion pour montrer que les gouvernements font de belles choses.
D'ailleurs, depuis une quinzaine de jours, il y a déjà eu quelques changements bien visibles.
Tous les ministres ont reçu l'ordre de montrer qu'ils travaillaient, y compris pendant les vacances. Jusqu'au ridicule puisque le lundi 31, en plus du président et du Premier ministre, pas moins d'une dizaine de ministres étaient sur le terrain en sortie avec des caméras pour montrer qu'ils étaient au contact des français et au travail.
Mais est-ce que l'on verra Calude Sérillon?
Surtout pas ! Claude Sérillon s'est fait connaître par le petit écran.
Mais maintenant, vous ne le verrez plus. C'est le propre des conseillers spéciaux. Pour être efficace, ils doivent se cacher.
C'est ce que faisait celui qui a fabriqué l'image de François Mitterrand, puis celle de Jacques Chirac, en coulisses.
Le conseiller Jacques Pilhan, que connaissait bien Claude Sérillon,
Celui qui a posé toutes les bases de la communication politique avait un autre principe: Il savait que pour qu'une communication politique fonctionne. L'homme politique qui la déroule doit être très bon.
Claude Sérillon doit aussi le savoir.
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